Pourquoi tous les citoyens doivent s'exprimer pour aider à protéger l'océan

L’océan produit 50 % de l’oxygène de la planète. Il transporte la chaleur de l’équateur aux pôles Nord et Sud, régulant ainsi notre climat et nos conditions météorologiques. Il est la première source de protéines pour plus d’un milliard de personnes. Pourtant, près de la moitié de la surface de la planète n’appartient à aucun individu ou entité. Les organisations multinationales, les gouvernements, les parlements aux niveaux national et régional et les institutions se partagent des responsabilités fragmentées pour protéger l’océan à la lumière du changement climatique. Mais trois acteurs clés sont absents de ces conversations essentielles : les citoyens, la septième génération et l’océan lui-même.

Récemment, l’ONU n’est pas parvenu à s’accorder sur la manière de partager les bénéfices tirés de la vie marine, d’établir des zones protégées ou d’empêcher l’activité humaine de nuire à la vie en haute mer. Le maintien du statu quo dans la manière dont nous gouvernons l’océan n’est pas une option. En amenant des citoyens ordinaires à la table des négociations, du maçon retraité de Rio à l’étudiant en littérature de Bristol, en passant par les pêcheurs au large de Dakar, les décideurs auront accès à des expériences réelles et à des connaissances approfondies sur le terrain, de la part de ceux et celles qui sont les premiers touchés par les décisions prises à huis clos. Un dialogue mondial, par le biais de la délibération et de la participation décentralisée, peut contourner les intérêts qui influencent les résultats politiques et donner confiance et légitimité à un cadre politique à la traîne.

 

Un dialogue mondial sur l’ocÉan

Les processus mondiaux décentralisés et délibératifs – qui peuvent inclure des milliers de citoyens ordinaires à l’échelle mondiale en mettant en œuvre des dialogues locaux et régionaux – peuvent aborder des dilemmes politiques fondés sur des valeurs, des problèmes complexes nécessitant des compromis et des questions à long terme qui vont au-delà des incitations à court terme des cycles électoraux.

En France, la Convention citoyenne pour le climat, par exemple, dont l’objectif était de définir des mesures pour parvenir à une réduction d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, a été reconnue comme exceptionnelle par la communauté scientifique et décisionnelle. Le président français, Emmanuel Macron, a reconnu avoir été impressionné par la qualité approfondie des propositions citoyennes.

Michael Roth, ancien ministre d’État allemand pour l’Europe au ministère fédéral des Affaires étrangères, a déclaré : « Les citoyens ne sont pas seulement des consommateurs et des utilisateurs (de la technologie) mais aussi des acteurs et des participants politiques », lors du dialogue mondial des citoyens de We the Internet sur la gouvernance de l’Internet en 2020. Le pouvoir de ces processus ne réside pas dans le fait de demander l’avis des gens, mais dans le fait de leur permettre de produire des mesures concrètes, structurelles et directes qui peuvent aider les décideurs à prendre les bonnes trajectoires.

 

Les toxines de l’ocÉan mettent en pÉril la santé

Selon un nouveau rapport de l’Observatoire mondial de la pollution sur la santé du Boston Collège, les toxines présentes dans l’océan mettent en péril la santé et le bien-être de plus de 3 milliards de personnes. Ces 3 milliards de personnes ne seront probablement jamais en mesure d’apporter tous et toutes une contribution directe mais un échantillon diversifié et clairement défini de l’humanité peut être sélectionné selon les règles de la délibération et invité à participer à un dialogue mondial décentralisé afin de façonner un nouveau cadre pour la gouvernance des océans. Les critères retenus peuvent être le genre, la géographie, la proximité des bords de mer, l’alphabétisation et bien d’autres encore. Un tel processus peut permettre à des milliers de personnes de se réunir dans leur propre pays et de délibérer pour émettre des recommandations clés et des propositions concrètes.

Ces propositions ou recommandations, fondées sur des délibérations éclairées grâce aux contributions de communautés scientifiques impartiales, donnent un « mandat populaire » aux résultats tout en abordant des questions de grande qualité. Les traités relatifs aux océans, les négociations maritimes et la politique environnementale ont besoin d’un soutien solide pour lutter contre le chaos climatique dans les années à venir.

 

Veiller sur les gÉnÉrations futures

Les citoyens ordinaires ne sont pas les seuls à ne pas être entendus dans les négociations internationales. En participant à un dialogue mondial sur l’océan, la septième génération veillera à ce que les décisions soient durables pour les 200 années à venir. Chaque décision prise aujourd’hui doit tenir compte des générations qui vivront dans le futur et de l’impact humain à long terme.

L’océan, en tant que système vivant, fournit des services incroyables à l’humanité, mais jusqu’à présent, il a été considéré comme une ressource et un objet, plutôt que comme un sujet. Un dialogue mondial sur l’océan est le moment et le lieu pour donner à l’océan un siège à la table avec un pourcentage de citoyens qui représenteront et parleront au nom de l’océan en tant qu’entité singulière.

Aller plus loin et plus vite est possible si la Conférence des Nations unies sur les océans de 2025 est à l’écoute. Aux côtés des décideurs politiques, les citoyens de tous les jours sont les principaux moteurs du changement qui peuvent orienter la gouvernance des océans dans la bonne direction d’ici 2030 et aider à progresser vers une gouvernance des océans plus durable, alignée sur les objectifs de développement durable (ODD) et la Décennie des Nations unies pour les océans.

En 2015, le débat des citoyens du monde sur le climat et l’énergie a prouvé qu’il était possible et pertinent de déployer une consultation au niveau mondial (ce qui a été fait plusieurs fois avec succès depuis), et d’alimenter l’élaboration d’un modèle de délibération mondiale sur d’autres questions. Il en est résulté un ensemble d’attentes et de lignes rouges convergentes, définies par des citoyens ordinaires à l’attention des décideurs politiques, qui s’appuient sur les fondements de l’accord de Paris.


Auteur : Yves Mathieu (Co-directeur de Missions Publiques)
Cet article a été publié par le Forum économique mondial.

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