Le débat citoyen sur la protection sociale initié par APF France handicap vient de s’achever. Cette aventure, qui a rassemblé 34 adhérent-e-s de l’association et 24 citoyen-ne-s tous tiré-e-s au sort, s’est clôturée par une journée de restitution de l’avis au musée des Arts Forains à Paris puis par une rencontre avec les équipes de campagne des candidat-e-s à l’élection présidentielle.
Les participantes et participants du débat citoyen se sont enfin rencontrés en vrai mardi 1er mars. Pour remercier les participants de leur implication et valoriser leurs recommandations, APF France handicap avait organisé la cérémonie de restitution de l’avis citoyen au musée des Arts Forains à Paris. Un endroit magique et singulier pour clôturer des semaines de rencontres et de discussions derrière des ordinateurs. « Ils ont réussi à créer du lien social uniquement avec de la visio ! s’étonne Aude, responsable du développement associatif à APF France handicap, « le présentiel ne fait que le confirmer ». Aude avait aussi la charge du recrutement des facilitateurs au sein même de l’association, car l’autre particularité de la démarche (en plus de mixer public en situation de handicap et public valide) était la formation en interne. En soutien à l’équipe de Missions Publiques en charge de la coordination et de l’animation, des membres volontaires de l’association ont aidé et facilité les discussions en sous-groupe tout au long du débat (lire les interviews des facilitateurs d’APF France handicap). « C’est vraiment émouvant de se retrouver. D’un certain point de vue, c’est comme si on se connaissait déjà » confirme Pascal, facilitateur d’APF et Directeur territorial des actions associatives (Essonne, Seine et Marne et Val de Marne).
.
Après une présentation de leur avis citoyen « protection sociale : quel modèle pour demain ? », les participants ont eu un retour précis et documenté de deux intervenants : Eric Chenut, président de la Mutualité française et Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT, tous deux soulignant « la qualité des recommandations » et la nécessité de « travailler collectivement sur les enjeux de demain ». « La protection sociale nous concerne tous dans notre capacité à nous émanciper collectivement et individuellement. C’est probablement quelque chose qui nous manque dans le débat public : redonner du sens et de la perspective. Il faut donner la capacité aux citoyens de prendre part au débat pour qu’ils puissent agir sur leur environnement personnel et familial et pour ne pas subir les transformations de demain. L’idée est de savoir répondre aux nouveaux fragments de la société, aux modes de vies plus séquentiels que nous connaissons » a déclaré Eric Chenu qui est également revenu sur la démarche de démocratie participative que la Mutualité française a conduite sur le sujet de l’aide, de l’entraide et des nouvelles solidarités. Un exercice participatif qui a aussi intéressé le représentant du syndicat pour qui « votre travail montre qu’il est possible de porter une parole collective, non professionnelle et non personnelle qui se bâtit sur des sujets parfois complexes et techniques. La question de l’accessibilité et des droits des personnes doit être une préoccupation majeure. On ne progressera pas si on ne prend pas en compte les conditions de travail de toutes les personnes ».
.
Le thème de la protection sociale est large et interroge de nombreux sujets de société : le domaine de la santé (mentale et environnementale), mais aussi les mutations du travail, la distribution des richesses, l’évolution de la famille, les notions d’entraides et reconnaissance des contributions non marchandes à la société etc. C’est ce qu’on défendu les participants, qui ont rencontré le lendemain les équipes de campagne des candidats à l’élection présidentielle dans leur QG respectif [1]. Un accueil apprécié et pour certains un échange constructif sur des propositions concrètes et des ambitions (parfois partagées, parfois non) : revenu universel, lutte contre les déserts médicaux, renforcement des services de proximité dans les territoires, valorisation du travail des aidants professionnels et meilleure reconnaissance de l’aidance familiale… mais aussi renforcement du volet préventif de la protection sociale et une meilleure prise en compte de la santé mentale et des conséquences du réchauffement climatique sur la santé. Si certaines équipes, plus à l’aise sur le thème du handicap, ont cherché à circonscrire les échanges sur ce sujet, les citoyens, eux, ont eu un cœur de défendre une vision et des propositions de transformation plus globales sans se laisser enfermer dans une case.
Enthousiastes sur l’expérience, ils sont plus dubitatifs sur les « résultats » et la prise en compte par les candidats de ce sujet. Du côté de l’association APF France handicap, les administrateurs se sont engagés à faire vivre les travaux et à intégrer une partie des propositions dans leurs réflexions, notamment via le projet associatif. « Au-delà des moyens budgétaires à trouver, l’avis souligne qu’il s’agit d’un investissement pour l’avenir. Notre pays a la capacité de prendre des décisions audacieuses. » s’est félicitée Pascale Ribes, présidente d’APF France Handicap « Ce débat marque une opportunité pour échanger sur nos préoccupations personnelles et collectives. Il fallait des échanges profonds, constructifs et apaisés ».
A lire également :