En décembre de l’année dernière, nous discutions architecture et participation avec l’architecte Luc Schuiten. Nous avions intitulé cet entretien « et si le lieu idéal de la délibération existait, à quoi ressemblerait-il ? ». Quelques mois plus tard, nous ne parlons plus au conditionnel ! Retour sur la genèse du projet, sa conception et l’inauguration de deux prototypes d’installations participatives qui s’est déroulée dans nos locaux bruxellois.
Le 21 septembre à Bruxelles, nous avons inauguré deux cellules de notre lieu « perma-démocratique » en présence de Luc Schuiten, architecte, et de Magali Plovie, présidente du Parlement francophone bruxellois et Alain Deneef, fondateur de StamEuropa. Un moment que nous sommes heureux d’avoir partagé avec des actrices et des acteurs européens de la participation citoyenne.
La genèse du projet
Tout est parti du constat que les lieux adaptés à une participation citoyenne, inclusive, vivante et horizontale n’existaient pas. Du moins, pas dans nos sociétés occidentales. Les espaces existants mettent en effet en scène des logiques d’asymétrie de pouvoir : ceux qui parlent d’un côté et ceux qui assistent de l’autre ; des logiques tribuniciennes renforcées par l’architecture des hémicycles ou des salles du conseil. Ou pire, ce sont de grandes salles simplement choisies pour leur taille, comme une salle des fêtes, mais sans qualité particulière et souvent inconfortables acoustiquement. Or, la qualité d’une délibération passe avant tout par le bien-être des participants, quand ils se sentent inclus et en mesure d’exprimer pleinement leurs opinions.
L’expérience d’un dialogue dans une tente en Mauritanie a également constitué un élément déclencheur : dans certaines sociétés traditionnelles, les lieux de rassemblement existent ! En Amazonie, en Irak, au Vietnam ou en Afrique : l’arbre à palabres, les hogans des Navajos, les tentes bédouines… c’est là que les décisions engageant la gestion et l’avenir des membres du village sont prises. Luc Schuiten est donc parti de ce modèle ancestral où les sages sont assis sur les racines de l’arbre pour dessiner et donner vie à ce lieu symbolique.
Du petit au grand groupe, un espace qui s’adapte
Comment faire – concrètement – pour créer un environnement qui permette un fonctionnement où chacun se sent suffisamment bien et à sa place pour aller assez loin dans son expression ? Pour se connecter à l’ensemble de la collectivité ? Pour que ce lieu porte l’énergie du collectif, il fallait qu’il donne envie par son esthétique, qu’il permette des formats de discussion du petit au grand groupe, qu’il puisse être à la fois un lieu de dialogues et un lieu d’exposition.
Dans sa version complète, la tente est divisée en deux parties égales, l’une pour les débats, l’autre pour les expositions, la partie exposition a pour objectif d’informer objectivement le public des thèmes débattus dans l’autre moitié de la tente, afin de faire vivre ce lieu de rencontre sur un temps long. La disposition en demi-cercle permet à tous de bien se voir et s’entendre après un déplacement de leurs sièges, pour les moments d’échanges en plénière, pour travailler les désaccords ou construire des positions communes à tous les groupes.
Une version simplifiée du projet a été conçue pour l’intégrer dans des structures existantes tels qu’un hangar, un gymnase ou une salle des fêtes. Le nombre de cellules peut être adapté aux dimensions du lieu et au projet. Aussi, dans sa version complète, vous pouvez organiser un débat à 100 (avec 17 cellules). Vous pouvez également commander 3, 4 ou 10 cellules et les insérer dans un lieu existant (comme les deux cellules, qui sont exposées dans nos locaux bruxellois, rue d’Arlon).
Une représentation des différents lieux de parole dans le monde (arbre à palabres, hogans des Navajos en Amérique du Nord etc.) est dessinée au fond de chacune des cellules. Sur un des panneaux latéraux, le dessin principal est complété par une courte explication des lieux et populations concernés et leur mode de fonctionnement. Le troisième panneau de la cellule est réservé à la restitution des discussions. Les parois des cellules sont en tissu fabriqué à partir de polyester et de plastiques récupérés dans les océans.
Ce lieu est donc pratique, adapté et itinérant. Pratique, car cette installation se démonte et se transporte en deux containers. Adapté, parce que sa taille et donc la jauge peut varier en fonction du lieu dans lequel a lieu l’événement. Itinérant parce qu’il peut aller à la rencontre des habitants dans les campagnes et les villes.
N’hésitez pas à télécharger la brochure et à nous contacter pour plus de renseignements !