Souvent, et à raison, les participants en fin de démarches participatives s’interrogent : et maintenant ? Effectivement, une fois que les recommandations finales sont adoptées, comment convertir l’agenda des citoyens en process politique ? Jusqu’où aller pour que les recommandations citoyennes soient prises en compte par les décideurs ? En donnant aux à 20 citoyens volontaires par Panel une dernière mission : aller jusqu’en plénière, véritable pierre angulaire innovante de l’ensemble du processus.
Vingt citoyens de chaque panel, sélectionnés sur la base d’un volontariat par tirage au sort, ont été nommés « ambassadeurs ». Ils et elles représentent leur panel en plénière, devenant ainsi le véritable lien entre les deux entités. Leur rôle est essentiel pour générer le processus politique, car leur voix a autant de valeur que celle des décideurs. Comment ? Ils et elles sont sur un pied d’égalité avec les autres composantes de la plénière : 108 représentants du Parlement européen, 54 du Conseil, trois de la Commission européenne, 108 des parlements nationaux, 108 citoyens, 80 des panels de citoyens européens, 27 des panels de citoyens nationaux ou des événements de la conférence (un par État membre), et le président du Forum européen de la jeunesse.
La Plénière est une innovation démocratique par son format hybride, son objectif limité dans le temps et son process à plusieurs niveaux. Composée de plus de 400 personnes et ayant lieu au sein même de l’hémicycle du parlement européen, son ambition est la suivante : débattre et discuter de la substance des Panels nationaux et européens, en prenant en compte les contributions recueillies sur la plate-forme numérique multilingue, selon les thématiques à l’étude. Sur la base d’un consensus, la plénière présentera ses propositions au bureau exécutif de la Conférence, qui rédigera et publiera ensuite les conclusions de la plénière.
Aoife, citoyenne ambassadrice – Etudiante, 23 ans (Cork, Irlande)
« En plénière, je vais devoir défendre l’idée de mon groupe pour une harmonisation de l’éducation dès la primaire dans les Etats membres »
Etudiante en linguistique et en droit, cette jeune irlandaise de 23 ans veut devenir avocate linguiste spécialisée en gaélique, la première langue officielle de la République d’Irlande. C’est dans son pays que la dernière session du Panel Citoyen sur « Une économie plus forte, justice sociale et emploi / Jeunesse, sport, culture et éducation / Transformation numérique » a lieu. Mais avant de faire carrière dans le droit, elle a été tirée au sort (sur la base d’un volontariat) pour être citoyenne ambassadrice à la plénière de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Elle y parlera au nom de son sous-groupe et défendra ses recommandations en matière d’éducation. « Pour nous, le plus important, c’est l’harmonisation de l’éducation à travers les Etats membres, nous voulons un standard minimum certifié pour l’enseignement du niveau primaire dans l’UE ». Pour elle, qui a eu la chance d’avoir une formation scolaire de haut vol, « c’est important que les générations qui suivent aient une toute aussi belle expérience d’éducation que moi et ce quel que soit leur pays et leur niveau de vie ».
Pour elle, les Européens ne sont pas si différents les uns des autres. Cette Conférence sur l’avenir de l’Europe « nous le prouve, j’ai l’impression que nous sommes tous et toutes sur la même ligne concernant les grands sujets de coopération. Les citoyens prennent l’expérience très sérieusement, et c’est encourageant pour la suite ! »
Cette « suite », c’est la plénière de la Conférence qui l’attend dans les semaines à venir. Aiofe et les autres ambassadeurs et ambassadrices seront face aux député.e.s européens. « « J’ai décidé de soumettre ma candidature pour devenir ambassadrice à la toute dernière minute parce que je savais que j’allais devoir m’engager à fond. Finalement, c’est la meilleure décision que j’ai prise parce que j’ai pu parler aux députés européens et voir à quel point ils et elles prennent nos sujets au sérieux. Le moment le plus incroyable pour moi a été de voir les députés se lever et poser leurs questions directement aux citoyens. J’espère que la plénière de notre session fera place à un débat tout aussi incroyable ! »
« En plénière, je vais devoir défendre l’idée de mon groupe pour une harmonisation de l’éducation dès la primaire dans les Etats membres »
Aoife
Irlande, 23 ans
Philip, citoyen ambassadeur – Etudiant, 20 ans (pologne)
« J’ai envie que ce premier essai devienne une normalité, donc je veux aider pour que les choses aillent au mieux »
Philip est étudiant polonais en design industriel, il a 20 ans « mais tout le monde lui en donne 16 ». Sa plus grande surprise en intégrant les Panels Citoyens ? « On a des idées similaires, des rêves et des visions semblables pour définir un avenir meilleur pour l’Europe. » Par exemple ? « Une meilleure coopération entre les Etats membres », qui semble être une volonté de tous et toutes, ou de moins de celles et ceux qui font partie de son groupe de travail. Quand il est arrivé à la toute première session, « c’était comme un rêve que je ne réalisais pas. » Six mois plus tard, Philip est proactif dans son rôle d’ambassadeur et fait remonter les « petits problèmes qui pourraient être ajustés si on devait refaire une Conférence de ce type. Parce que c’est la première fois que ça arrive, forcément certaines choses peuvent être améliorées, ce n’est pas encore l’idéal. Je prends ça à cœur de donner un feedback constructif aux équipes organisationnelles pour améliorer le processus global ; j’ai envie que cet incroyable premier essai devienne une normalité, donc je veux aider pour que les choses aillent au mieux ».
Il se compare à ses collègues ambassadeurs et ambassadrices qui parfois « étudient la politique ou le droit », « moi je viens simplement d’une « école d’art » ». Malgré cela, ces six derniers mois à travailler en déplacement ou depuis chez lui pour la session en ligne seront « sans doute les six mois les plus passionnants que je connaitrai pour les dix prochaines années de ma vie ».
Pour apprendre à connaître d’autres citoyens et citoyennes de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, lire cet article.
« J’ai envie que ce premier essai devienne une normalité, donc je veux aider pour que les choses aillent au mieux ».
Philip
Pologne, 20 ans