Quelles conclusions pour le Panel citoyen européen sur la lutte contre la haine ?

C’est la fin d’un Panel citoyen pas comme les autres. A quelques semaines des élections européennes, 150 citoyennes et citoyens tirés au sort parmi les 27 pays de l’Union européenne ont remis leurs recommandations « Comment lutter contre la haine dans la société ? » à la Commission européenne. Un sujet complexe qui fait appel à la petite histoire comme à la grande Histoire. Résumé de la démarche.

« L’essence du débat démocratique n’est pas d’être toujours d’accord les uns avec les autres, mais de pouvoir parler de la haine sans haine », a déclaré Anna Gallego-Torres, directrice générale de la DG Justice, en recevant les propositions des mains de la plus jeune et de la doyenne des participants (tout juste 16 ans et 78 ans).

Le choix de traiter la « haine » était particulièrement courageux. De manière encore plus forte que pour d’autres sujets, plus techniques, il a fait très rapidement appel aux émotions et à la part d’irrationnalité qui est en chacun de nous. Il a aussi fait ressortir les questions d’identités, les vécus, personnels et familiaux ; le poids de l’Histoire et de son héritage ; et les contextes sociaux et politiques propres à chaque pays. La petite histoire et la grande Histoire se sont ainsi entremêlées et tous ces éléments ont rendu les échanges aussi complexes que riches.

Pendant 3 week-ends (du vendredi au dimanche), les panélistes ont identifié les causes et les moteurs de la haine et élaboré des recommandations. Pour cela, ils ont bénéficié de l’apport d’expertes et d’experts (sociologues, linguistes, psychologues, journalistes, acteurs associations, membres de la Commission travaillant sur ces sujets).. « Sans efforts actifs pour aborder et guérir ces blessures (i-e celle des guerres etc.), la haine alimentée par les conflits continue et menace de perpétuer un cycle d’hostilité et de division » ont déclaré les citoyens dans le préambule de leur avis. Ils ont également mis la lumière sur la responsabilité des politiciennes et politiciens et des figures publiques sur la diffusion des discours de haine et leur alimentation, exacerbés par les médias et les réseaux sociaux.

Parmi leurs recommandations :

  • Une carte européenne pour garantir une navigation sécurisée sur Internet pour les enfants à partir de 8 ans. Avec cette carte, les enfants devraient acquérir les compétences nécessaires pour naviguer sur Internet de manière indépendante et en toute sécurité.
  • Des médias plus indépendants. Les médias devraient être tenus de travailler avec des organisations indépendantes de vérification des faits, d’être transparents sur leurs sources de financement. Le nombre de médias qu’une personne ou une entreprise peut posséder devrait être limité. Une plus grande participation des citoyens au sein des médias est également recommandée afin de donner plus de poids à leurs contenus et de promouvoir une culture partagée de réciprocité et de respect.
  • Contrôle et poursuite des discours de haine en ligne. L’anonymat sur Internet devrait être réglementé afin que les auteurs de discours de haine puissent être mieux retrouvés et poursuivis par les autorités compétentes. La Commission européenne doit créer un groupe de travail pour mettre à jour et élargir la définition commune de « discours de haine illégal ». L’intelligence artificielle doit être un outil pour limiter la propagation des discours de haine sur les réseaux sociaux. Quant aux opérateurs/plateformes, ils doivent être contraints d’adapter leurs algorithmes pour diffuser un spectre plus large d’opinions.
  • Code de conduite pour les députés européens. Le Panel citoyen propose de mettre en place un comité indépendant de confiance pour élaborer un code de conduite pour les membres du Parlement européen et surveiller les discours de haine et la désinformation.
  • Des Panels de jeunes européens. Pour les écoles, l’organisation de débats sur le modèle des Panels des citoyens pourrait permettre de diffusion une culture de la délibération auprès des plus jeunes. Par exemple, un débat sur la nourriture dans la cantine scolaire, en tenant compte des habitudes des différentes religions, serait une opportunité pour initier des discussions sur des sujets spécifiques qui touchent les enfants au quotidien, les élèves pouvant bénéficier de l’expertise du personnel de la cantine et des chefs. Les jumelages entre école permettraient des échanges au niveau européen. Pour les 16-25 ans, des Panels européens sur la haine devrait être organisés (même modèle que ceux existants) sur des sujets les impactant directement : harcèlement en ligne etc.

Ce Panel s’inscrit dans une campagne de la Commission #NoPlaceForHatre qui vise à intensifier les efforts pour lutter contre la haine sous toutes ses formes en renforçant l’action dans divers domaines politiques, y compris la sécurité, le numérique, l’éducation, la culture et le sport. Il a été porté par la DG Justice et Consommateurs et la DG Communication de la Commission européenne. Un événement de suivi est prévu.

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