Municipales : le COVID 19 infléchit les programmes

À l’occasion du second tour des élections municipales, nous avons décortiqué 34 programmes de candidats dans les 15 plus grandes villes françaises à la lumière de la crise liée au COVID-19. Nous souhaitions ainsi renouveler notre analyse non-exhaustive des programmes municipaux.

Cette crise sanitaire, économique et sociale est venue perturber les priorités des candidats. Les programmes politiques ont été, pour la plupart, réactualisés et présentent de nombreuses récurrences dans les notions et thèmes abordés.

La « co-construction » et l’économie locale au cœur des programmes

La volonté de co-construire l’avenir et de réaffirmer le contrat social au niveau local occupe d’avantage une place centrale. Plusieurs candidats ont ainsi évoqués la nécessité de « co-construire avec l’ensemble des acteurs du territoire un pacte pour une économie locale durable »[1]. D’autres préfèrent présenter « la concertation comme un préalable »[2].

Bien entendu, la relance économique occupe une place importante dans les programmes avec, entre autres, l’emploi régulier de l’expression « plan Marshall »[3]. Des candidats évoquent la crise comme étant « l’occasion d’une réorientation de l’économie »[4] devant s’accompagner d’une « série de mesures de redéploiement au profit d’activités durables »[5] ou bien encore que « le COVID 19 nous renvoie à l’organisation de notre système alimentaire, et à l’envie de consommer mieux, différemment »[6]. C’est l’économie sous l’angle de sa relocalisation qui est mise en avant ; une économie « pour favoriser le commerce de proximité et des emplois non délocalisables »[7].

Vers une « conversion écologique » ?

On note aussi une accélération du processus de popularisation de thèmes tels que l’environnement, la santé, les circuits courts ou bien encore les mobilités douces comme le montrent des propositions comme « la mise en en place d’un plan vélo »[8], « l’ouverture de centres de santé dans les quartiers pour garantir l’accès aux soins »[9], ou bien encore « la création d’une convention citoyenne du climat à Bordeaux, composée de 100 citoyens tirés au sort »[10].

Cette pandémie révèle et renforce une adhésion toujours plus grande de la population à la nécessité d’une transition écologique plus efficace et d’un changement profond de nos habitudes comme en témoignent les nombreuses plateformes mises en ligne entre mars et juin, malgré les limites que peuvent présenter ces types de dispositifs. Une dynamique qui pourrait constituer une large fenêtre d’opportunités pour accélérer ce que le sociologue français Bruno Latour nomme la « conversion écologique ».

Cette crise par sa gravité et son imprévisibilité a, dans une certaine mesure, influencé les programmes des candidats de tous courants politiques, mettant au cœur des besoins essentiels et vitaux : la santé, la nécessité de revoir nos façons d’habiter (formes des villes, urbanisme stratégique) et la transition écologique. Ce contexte semble également renforcer l’idée d’une nécessaire co-construction des décisions locales avec les acteurs de la société civile organisée et les citoyens.

[5] Idem
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