Contexte et objectif
La démocratie du 21ème siècle est de plus en plus bousculée et l’évolution de la société a pour effet de saper les piliers traditionnels des démocraties européennes contemporaines. On constate en effet aujourd’hui cinq grande tendances, qui témoignent de l’insatisfaction face au fonctionnement institutionnel actuel : l’inclusion – parce qu’elle n’est pas effective- est une revendication majeure ; la polarisation est toujours plus grande, avec des positions de plus en plus extrêmes ; la notion d’identité est plus que jamais discutée et parfois abusée ; le citoyen a désormais les moyens pour exercer une réflexion critique, ce qui le pousse parfois à remettre en doute d’autres acteurs ; les politiciens ont de moins en moins de pouvoir et leur impact est moindre face à des instances technocratiques supranationales. Face à ces doutes, une démocratie plus participative et délibérative est présentée comme une solution, comme en témoignent les nombreuses expériences et initiatives citoyennes lancées depuis plus de 10 ans dans toute l’Europe.
Néanmoins, cette nouvelle forme de démocratie n’a pas encore fait toutes ses preuves et encore moins convaincue tout le monde. Le projet EuComMeet souhaite mener une recherche de fond pour comprendre si et comment la délibération peut impacter la prise de décision et les positions de chaque citoyen. Menée pendant plus de 4 ans, sur différentes échelles, sur différents sujets mais toujours à l’aune des 5 tendances évoquées plus haut, l’initiative permettra de mieux appréhender la manière dont la démocratie délibérative peut être plus efficace et mieux comprise et comment la mettre en œuvre de la manière la plus adéquate. A terme, le projet EuComMeet souhaite présenter un « toolkit » sous la forme d’une plateforme (Participatory space) qui serait une référence pour mener à bien des projets délibératifs en Europe.
Modalités de la mission
La première étape (‘Lessons Learned’) de la mission consiste en un référencement et une analyse des différents processus délibératifs ayant eu déjà eu lieu pour saisir les bonnes pratiques et les écueils déjà connus. Il s’agira de faire une mise à plat de l’état actuel de la démocratie participative en Europe, notamment au regard des 5 critères d’analyse : inclusion, polarisation, identité, réflexion et impact politique.
La seconde étape (‘Fill the gap’) est la création et le développement (sur base des enseignements tirés de la première étape) d’un protocole d’ateliers citoyens en ligne combinant des cycles de discussions synchrones et asynchrones sur des thèmes majeurs pour l’avenir de l’Europe. Ce protocole sera d’abord testé dans des lycées et universités des pays sélectionnés : Allemagne, France, Irlande, Italie et Pologne.
Lors de la troisième étape (‘Make it happen’), le test sera réitéré en grandeur nature avec 144 citoyens, répartis dans 2 villes de chaque pays partenaire. Le rôle de Missions Publiques sera ici d’assurer et coordonner la modération des ateliers et le suivi des protocoles établis dans les phases précédentes.
Valeur ajoutée de la démarche
Le projet EuComMeet sera l’occasion pour le monde de la délibération de se poser, de regarder en arrière, pour ensuite savoir vers où on va. Dans un monde de la participation qui avance à toute vitesse, il est possible que nous passions à côté de l’essentiel et que nous nous trompions de chemins ou de méthode. Avoir une recherche approfondie, sur le long terme et – plus important encore- un test à grande échelle permettra de recueillir des renseignements pour tout le monde : les citoyens, les politiciens et les professionnels de la participation.
Le projet a été établi de sorte qu’aucune étape, aucune opportunité de tester des démarches ne soit manquée. Ainsi, la recherche va analyser les attitudes et positions de citoyens très variés : des jeunes, des personnes déconnectées, des personnes aux opinions extrêmes, des personnes avec des handicaps, des personnes présentes sur les réseaux sociaux, etc. De même, dans la méthode, le projet se veut innovant : les citoyens seront mélangés avec des citoyens d’autres villes et d’autres pays, les consultations se feront selon une logique évolutive (du local à l’européen et inversement), seront utilisés également des bots pour la modération et la traduction. Les citoyens seront mis dans différentes conditions : tantôt modérés, tantôt non modérés, tantôt en synchrone, tantôt en asynchrone, parfois avec des étrangers, parfois avec des nationaux. Les décideurs politiques (locaux, nationaux et européens) ne sont pas oubliés : ils seront associés dès la conception des tests et à l’analyse des résultats. La recherche est donc multiple et réflexive, avec une approche par étape qui permettra de tester différents scénarios et de tirer de nombreuses conclusions.