Assemblée citoyenne pour le climat : portraits de Bruxellois-e-s

L’Assemblée citoyenne pour le climat de Bruxelles a démarré en octobre. Pour ce 2e cycle, les habitantes et habitants de la capitale belge travaillent sur l’alimentation. Qui sont-ils ? Quel est leur rapport au sujet ? Pourquoi ont-ils dit oui et qu’attendent-ils de cette démarche participative ? Nous avons posé toutes ces questions à Jaak, Meighan, Philippe et Lisandra.

Jaak

Jaak vit à Bruxelles depuis 26 ans. Originaire de Limbourg (dans l’est de la province de Liège), il a curieusement fait le chemin inverse de beaucoup de personnes en quittant la campagne pour vivre en ville, et « vivre à fond cette ville multiculturelle et culturelle ». A 74 ans, Jaak se définit comme un « semi-retraité », c’est-à-dire qu’il continue deux heures par jour à travailler pour son entreprise d’événementiel, celle qu’il a créée en arrivant dans la capitale. Depuis 6 ans, il loge seul dans un immeuble à Ixelles, le quartier européen.

Premier grand changement il y a 12 ans quand il décide d’abandonner la voiture. « La vie est formidable dans une ville quand on peut vivre sans voiture ! » s’enthousiasme celui qui exprime un certain « remord » sur son ancien style de vie. Côté alimentation, Jaak a également opéré un sacré changement. L’élément déclencheur ? Le Covid. Avant la pandémie, Jaak allait au restaurant tous les jours. Aujourd’hui, il cuisine et du frais de préférence. Réduction de la viande, consommation quotidienne de fruits et légumes, arrêt de l’alcool, achats bio… il déplore la profusion des « take-away » dans son quartier « une nourriture affreuse pour les enfants, une catastrophe pour la production de déchets ».

Jaak aborde la démarche avec un sentiment positif. Intéressé par la politique, il connaissait déjà l’existence de l’Assemblée citoyenne pour le climat, curieux aussi de voir dans quelle mesure « la démocratie délibérative et participative peut changer la (et le) politique » et plus sceptique sur « la prise en compte réelle des résultats ». Mais tout le monde peut changer. La preuve.

« La démocratie délibérative et participative peut changer la (et le) politique.

Jaak

Meighan

Meighan est une jeune fille timide et courageuse. Etudiante en marketing, elle termine son deuxième bachelier après en avoir obtenu un premier en gestion des entreprises. Meighan est originaire du Cameroun et c’est grâce à ses professeurs à et ses bons résultats qu’elle a pu obtenir une bourse pour venir étudier à Bruxelles il y a 4 ans.

Son père est resté à Douala et sa mère et sa sœur sont, quant à elles, installées au Canada depuis 16 ans. En quatre ans, elle ne les a pas vus et cela n’a pas toujours été facile d’être seule, sans famille ni amis. Pour gagner un peu de sous, elle travaille en parallèle de ses études au Burger-King d’Ixelles, non loin de sa chambre d’étudiante. Meighan se dit « plus à l’aise derrière les machines » et pourtant, elle n’a pas vraiment hésité à s’engager dans cette Assemblée composée de 74 inconnu-e-s ! Une rencontre organisée quelques jours avant avec 6 autres jeunes sélectionnés a contribué à la rassurer.

Quelles sont les motivations qui l’ont conduite à braver sa timidité ? Le sujet de l’alimentation d’abord lui tient à cœur : « Depuis que je suis étudiante, je ne mange que du pain et j’ai pris beaucoup de poids (…) j’aimerais apprendre à manger autrement », l’environnement, aussi, consciente du gaspillage et de l’utilisation excessive du plastique. Son autre envie est de comprendre le mode de fonctionnement de cette Assemblée citoyenne pour le climat. « Je suis intéressée par cette approche et par le fait de tenir compte de l’avis des jeunes pour prendre des décisions (…) contrairement à mon pays où le pouvoir est centralisé. J’aimerais partager ce genre de méthode là-bas ».

Elle a d’ailleurs apprécié le premier week-end de l’Assemblée, « une journée active » loin de ce qu’elle imaginait, à savoir rester assise à écouter. Sa satisfaction serait, à la fin de la démarche, de se dire que « sa voix a compté, que les solutions proposées sont applicables ». A 22 ans, Meighan a un rêve : « trouver un job, mettre de l’argent de côté et monter ma propre entreprise dans mon pays ». En attendant, avec Elif, Juliette et d’autres jeunes, elle va essayer de faire entendre sa voix.

« Depuis que je suis étudiante, je ne mange que du pain et j’ai pris beaucoup de poids (…) j’aimerais apprendre à manger autrement.

Meighan

Lisandra et Philippe

C’est un portrait un peu différent des autres, puisqu’il s’agit ici d’un portrait de couple : celui de Lisandra et Philippe, tous les deux membres de l’Assemblée citoyenne pour le climat.

Lisandra et Philippe respectivement 28 et 29 ans habitent Bruxelles dans le quartier d’Ixelles depuis 5 ans, un choix de lieu pour se retrouver physiquement et vivre (enfin) ensemble. Lisandra est en effet originaire de Macao, une Région administrative spéciale de la Chine qui se situe en face de Hong-Kong. Philippe, lui, a grandi à Angers, une ville de l’ouest de la France et a fait ses études supérieures à Lille dans une école de commerce. Le couple s’est rencontré lors d’un échange universitaire à Macao en 2015. Premier rapprochement géographique quand Lisandra choisit les Pays-Bas pour poursuivre ses études en relations internationales, puis Bruxelles pour son master en affaires européennes à l’Université de Louvain. Aujourd’hui, Lisandra est communication officer pour la Fédération internationale de l’automobile et Philippe travaille dans l’analyse de données pour l’industrie alimentaire.

Cette démarche, c’est « l’opportunité de comprendre et de découvrir une autre forme de démocratie au-delà du vote » explique Lisandra. « Macao est le Las-Vegas de la Chine où on peut tout trouver, mais pas encore ce genre d’initiative ». La jeune fille a donc rapidement exprimé son intérêt à participer. Elle trouve aussi que l’indemnisation proposée est un levier important pour garantir une certaine diversité des participantes et participants. Sur le sujet de l’alimentation, le couple a déjà fait évoluer ses habitudes : des plats préparés et des pizzas quand ils étaient étudiants aux conseils de cuisine d’Hello Fresh, ils ont pris conscience (et ont eu le temps) de l’importance de s’alimenter plus sainement pendant le Covid.

Grâce à l’Assemblée, Lisandra et Philippe découvrent des actions déjà existantes menées par ou dans la région : la stratégie Good Food, le Brussels Beer Project (qu’ils ont visité) … et en ça, ils considèrent que c’est déjà un point fort de la démarche. « Pendre conscience de ce qui est réalisable, c’est aussi amener des idées » pour Philippe ; « J’ai également le pouvoir d’en parler autour de moi » ajoute Lisandra qui exprime toutefois un certain pessimisme sur les compétences limitées de la Région pour agir sur toute la chaîne alimentaire. Philippe acquiesce et se tourne vers sa compagne en souriant :  on est tellement dos-au-mur, qu’à à un moment, on trouvera bien une solution… ».

« Pendre conscience de ce qui est réalisable, c’est aussi amener des idées.

Lisandra et Philippe

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