Comment les citoyennes et citoyens peuvent-ils jouer un rôle actif dans la structuration de l’avenir de nos systèmes énergétiques ? Le projet européen DIGITISE met en place des « energy dialogues » qui réunissent citoyen-ne-s, entreprises, associations et décideur-euse-s, afin d’assurer un échange structuré et respectueux de toutes les voix. Benoît Verhulst, chef de projet, explique comment Missions Publiques accompagne ces dialogues*.
Digistise. En quoi l’expertise de Missions Publiques en participation citoyenne contribue-t-elle aux objectifs de DIGITISE ?
Benoît Verhulst. Notre objectif est d’aider les décideurs à créer de meilleures politiques grâce à l’intelligence collective. L’idée est de donner la parole à ceux qui seront concernés par ces politiques : citoyens, usagers, consommateurs. DIGITISE veut créer un outil numérique pour aider les consommateurs à mieux comprendre et gérer le système énergétique. Mais avant, nous voulons entendre ces consommateurs : ce sont eux qui savent ce dont ils ont besoin. On ne veut pas d’une simple enquête d’opinion : on implique les citoyens dans la création de l’outil, pour qu’il soit vraiment utile.
Digitise. Quel est votre rôle dans l’animation des échanges avec les communautés locales, et comment garantissez-vous une participation inclusive ?
Benoît Verhulst. Nous voulons aller au-delà des sondages, en organisant des discussions approfondies. Notre rôle est d’assurer la qualité de ces échanges, selon trois critères :
- La logistique (lieu, repas, communication),
- La méthodologie (animation, diversité des modes d’expression),
- Le contenu (relié à l’expérience concrète des participants).
Pour cela, nous nous appuyons sur nos partenaires locaux qui connaissent bien les communautés.
Ces « dialogues énergie » doivent permettre aux participants de comprendre les enjeux, d’aller au-delà des critiques et de construire des solutions.
L’inclusivité est essentielle, et grâce à nos partenaires, nous touchons les bonnes personnes. Le projet DIGITISE s’inscrit dans le long terme : il faudra donc maintenir l’intérêt des participants, diversifier les formats de participation et montrer les avancées concrètes du projet.
"Ces dialogues nous permettent aussi de mieux comprendre comment les citoyen-ne-s perçoivent le système énergétique.
Chef de projet, Missions Publiques
Digitise. Comment les « dialogues énergie » influencent-ils la création des outils numériques du projet ?
Benoît Verhulst. Les dialogues énergie sont le pendant citoyen des discussions techniques du projet. L’objectif est de maintenir un dialogue constant entre citoyens et chercheurs pour que chacun apprenne de l’autre.
Aujourd’hui, il existe de nombreux outils numériques, mais c’est leur utilisabilité et leur efficacité qui comptent. Grâce à ces dialogues, nous pourrons adapter l’outil progressivement, selon les retours des participants.
Ces dialogues nous permettent aussi de mieux comprendre comment les gens perçoivent le système énergétique.
Digitise. Comment travaillez-vous avec les autorités locales et les citoyens pour construire la confiance et un engagement durable ?
Benoît Verhulst. Il n’y a pas de solution unique. Il faut impliquer tous les acteurs, surtout les citoyens. Aujourd’hui, l’énergie est perçue comme une affaire individuelle : chacun a son fournisseur. Nous voulons montrer que l’énergie est un bien commun, un système.
Changer cette perception demande une vision à long terme et une transmission pédagogique sur le fonctionnement du système énergétique. Même si l’énergie semble abstraite, les gens s’y intéressent quand ils voient leurs factures grimper.
Digitise. Quel impact plus large espérez-vous pour la participation citoyenne dans les transitions énergétiques en Europe ?
Benoît Verhulst. L’accès à l’énergie touche à de nombreuses questions sociales et économiques. Nous voulons donc relier les politiques énergétiques à d’autres politiques publiques. Le projet soulève aussi la question de l’inclusion numérique : comment les outils numériques peuvent-ils vraiment aider les gens à apprendre et changer leurs habitudes ?
Souvent, les outils existent déjà, mais les gens ne les connaissent pas ou ne veulent pas les utiliser. Notre défi est double : Qu’est-ce qui va pousser les gens à consulter un outil numérique ? Comment cet usage peut-il entraîner un changement de comportement ?
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