Archives des Occitanie - Missions Publiques https://missionspubliques.org/tag/occitanie/ Wed, 13 Jul 2022 08:26:19 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://missionspubliques.org/wp-content/uploads/2021/03/favicon.png Archives des Occitanie - Missions Publiques https://missionspubliques.org/tag/occitanie/ 32 32 « Tout citoyen est compétent » https://missionspubliques.org/tout-citoyen-est-competent/ Tue, 27 Oct 2020 10:14:52 +0000 https://missionspubliques.org/?p=2946 L’article « Tout citoyen est compétent » est apparu en premier sur Missions Publiques.

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Edgar Morin est intervenu – en visio – le 26 septembre devant les 100 membres de la Convention citoyenne Occitanie. Le sociologue et philosophe a touché les participant.e.s par son message résolument optimisme et par ses encouragements à poursuivre ces démarches de démocratie participative. En voici quelques extraits.

« Tout citoyen est compétent pour des questions d’intérêts collectifs, ou s’il n’est pas compétent, il doit essayer d’être compétent et de participer à la vie collective (…) Je suis partisan de compléter la démocratie représentative par une démocratie participative. Les avis doivent être pris au sérieux (par les autorités gouvernementales ou régionales).

« L’intelligence collective n’est pas la somme des intelligences individuelles »

Notre démocratie représentative est insuffisante, elle connait des carences. Pourquoi ? Parce que beaucoup de partis se sont sclérosés et décomposés. Dans le fond, il y a une vacuité de pensée politique au sein du monde parlementaire et les gouvernants planent au-dessus de la vie quotidienne sans avoir conscience de la vie du citoyen dit normal. (…) La vraie crise est malheureusement universelle. Il convient de traduire ces aspirations, les hiérarchiser et les mettre en ordre pour une formulation politique.

Le cadre de la démocratie participative est le cadre où se créer l’intelligence collective par l’échange et notre éducation des uns et des autres. L’intelligence collective n’est pas la somme des intelligences individuelles mais le produit synthétique de leur combinaison.

« Il faut concilier l’esprit et le cœur »

Notre système d’éducation normale ne donne pas assez d’éléments aux esprits pour affronter la complexité du monde, ses interactions (…). L’un de mes projets à l’Université de Montpellier est de constituer une sorte d’université populaire où l’on enseigne un bagage pour que chaque citoyen soit embarqué.

Le cœur : actuellement, nous sommes gouvernés par des chiffres, par des PIB et le calcul de la croissance. Mais il ne connait jamais la vie humaine, ni l’amour ni la peur ni la haine ni tout ce qui nous fait vivre. Le mot de calcul est une rationalité froide et insuffisante. La rationalité ne se réduit pas au calcul. (…) Depuis des dizaines d’années, la politique s’est mise à la remorque d’une économie dominante, comme si le profit allait régler tous les problèmes. Il y a un adage qui dit que plus les riches seront riches, plus l’argent ruissellera. Mais non, la politique s’est dégradée en économie. La politique manque de cœur (…). Il faut savoir concilier l’esprit et le cœur (…) car la politique du cœur est celle qui compose.

« Poursuivre la désintoxication des villes »

Parmi les grandes décisions à prendre : on doit poursuivre la désintoxication des villes qui sont polluées et développer leurs transports publics propres pour le bien-être des habitants, l’agriculture biologique, l’alimentation de proximité… Cette intoxication est responsable de la mort des villages car les bistrots ont disparu, l’épicier a disparu, il faut redonner vie à ces villages, remettre les bureaux de poste là où ils ont été supprimés. Il faut revitaliser les villages et les bourgs. Tout ceci s’inscrit dans une régénération politique.

Si l’Occitanie se met à l’avant-garde de ce projet, je serai très heureux et malgré mes forces, j’y apporterai mon concours.

« Faire du doute un pari »

 La solidarité dort malheureusement trop souvent mais quand arrive le défi, elle se réveille (…). Ce n’est pas parce qu’on est devant une tâche immense qu’il faut renoncer, au contraire, il faut se lancer ! Toute décision dans la vie est un pari, et la question est de parier pour les forces bénéfiques. Il faut transformer le doute en parti. Toute décision dans la vie est un pari. La question est de parier pour les forces bénéfiques et non pour les forces de destruction et les conflits ».

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« En tant qu’élu.e.s, il faut savoir se remettre en cause » https://missionspubliques.org/en-tant-quelu-e-s-il-faut-savoir-se-remettre-en-cause/ Tue, 22 Sep 2020 17:55:45 +0000 https://missionspubliques.org/?p=2816 L’article « En tant qu’élu.e.s, il faut savoir se remettre en cause » est apparu en premier sur Missions Publiques.

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La région Occitanie a lancé sa convention citoyenne mi-septembre[1]. 100 citoyen.ne.s tiré.e.s au sort travaillent à des propositions – qui seront soumises à une votation citoyenne – pour construire un territoire plus juste et plus durable. Cette concertation s’inscrit dans un plan plus large de relance économique et de transformation le « Green New Deal ». La présidente de la Région, Carole Delga, revient pour nous sur cet acte politique fort.

Missions Publiques : Une partie des citoyens se sent peu considérée et/ou mal représentée par leurs élus. Par définition, le tirage au sort reconnaît une place à chacun. Avec l’organisation de cette convention citoyenne, toute personne vivant en Occitanie est donc « présumée compétente ». Pour aller plus loin, quelles seraient pour vous les prochaines étapes pour encore mieux reconnaître les compétences de chacun ? Que diriez-vous aux élus, peu convaincus par ces démarches, pour les convaincre de reconnaître politiquement cette intelligence collective ?

Carole Delga. Qu’il est temps d’arrêter l’infantilisation des citoyens ! Que les citoyens ne sont pas un problème, mais souvent la solution. Qu’un élu ne perd pas de temps à les consulter, mais que cela garantit au contraire de mettre en place des politiques publiques justes, adaptées, correspondant à la réalité telle qu’elle est vécue au quotidien.

Pour moi, cette démocratie citoyenne – qui est tout le contraire de la démocratie d’opinion – peut revivifier la démocratie locale et surtout rétablir la confiance perdue avec la démocratie représentative. J’ai une grande confiance envers les habitants d’Occitanie. Ma conviction profonde que chacun d’eux est en quelque sorte un « expert » de son quotidien, de sa vie et qu’ils doivent avoir voix au chapitre. Nos concertations citoyennes sur le nom de la Région, les transports, l’alimentation, le lycée de demain, nos budgets participatifs, nos Parlements de la Montagne et de la Mer en témoignent.

Notre nouvelle initiative, une première en région, est inspirée de la Convention citoyenne pour le climat qui a réuni  à l’échelle nationale 150 personnes. En Occitanie, nous avons réuni une centaine de citoyen.ne.s tirées au sort[1] incarnant la diversité d’âges, de départements et de parcours de vie d’un territoire de 6 millions d’habitants, pour contribuer à notre Green New Deal, notre Plan de transformation et de développement. Cette convention n’est pas un acte isolé : elle s’intègre dans une logique participative bien ancrée. Car je crois à la force du collectif.

Les prochaines étapes ne sont pas au conditionnel : elles se vivent déjà, nos concitoyen.ne.s ayant toute leur place dans le processus de décision publique. Et les élus ne sont pas extérieurs à cette intelligence collective, ils en sont pleinement partie-prenante. Beaucoup sont d’ailleurs associés à nos démarches. Ils ne peuvent pas se sentir menacés par plus et mieux de démocratie.

"Pour moi, cette démocratie citoyenne – qui est tout le contraire de la démocratie d’opinion - peut revivifier la démocratie locale et surtout rétablir la confiance perdue avec la démocratie représentative.

Crédit photo : Philippe Grollier / Région Occitanie

Carole Delga

Présidente de la Région Occitanie

Il y a un climat de méfiance, pour ne pas dire de défiance, installé depuis des années entre les citoyens et les institutions représentatives. Avec la convention citoyenne, vous faites le pari du contraire. Quel est pour vous l’accomplissement politique le plus important que vous aimeriez voir réalisé ?

Refaire société. C’est-à-dire que, par la parole, le dialogue, l’échange, nous puissions ensemble trouver des solutions. Je ne supporte plus, comme bon nombre de Français, ces joutes hystériques, cette violence verbale qui nous sert hélas de débat politique.

En tant qu’élus, c’est-à-dire représentants du peuple, il ne faut jamais l’oublier, il faut savoir se remettre en cause et proposer des modes d’expression nouveaux aux citoyens, en-dehors du temps du vote. C’est ce que Dominique Rousseau appelle « la démocratie continue » et que je veux faire vivre en Occitanie avec la Région citoyenne.

Ce que j’appelle de mes vœux, c’est une véritable République des territoires, car ils sont compétents pour décider de leur présent et de leur avenir, ils savent innover et se réinventer. C’est sans doute la grande leçon de la crise sanitaire que nous traversons : elle a revalorisé la proximité, montré qu’il fallait préserver nos savoir-faire, relocaliser, et qu’une gestion purement verticale et descendante avait ses limites.

 

Au fil des dialogues internationaux que nous avons menés depuis 20 ans, nous nous sommes rendu compte que, quel que soit l’endroit d’où les citoyens parlaient, ils se sentaient avant tout « citoyens du monde ». Quelle place l’Occitanie veut-elle jouer à l’échelle mondiale ?

L’Occitanie a une longue tradition de terre d’accueil, l’ouverture aux autres fait partie de notre ADN. À l’heure des tentations de repli identitaire, nous devons donc plutôt observer nos interdépendances, flagrantes en temps de pandémie, et nous attacher à construire un nouvel ordre mondial plus juste, plus résilient et plus solidaire. Il y a urgence ! À la tête de la Région, j’ai tissé et entretenu de nombreux liens économiques et culturels avec d’autres pays (Japon, Espagne, Allemagne, Italie, États-Unis…). Parce que je crois, dans le moment de l’histoire du monde que nous traversons, qu’il faut chaque jour tisser des liens, entre les gens, les pays, les cultures. C’est l’ignorance qui permet le racisme, la peur de l’autre. S’ouvrir, c’est connaître et reconnaître l’autre. L’accepter. L’Occitanie, je la vois comme une région positive au sens plein du terme.

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Convention citoyenne Occitanie : portraits de citoyen.ne.s https://missionspubliques.org/convention-citoyenne-occitanie-portraits-de-citoyen-ne-s/ Thu, 17 Sep 2020 09:36:21 +0000 https://missionspubliques.org/?p=2768 L’article Convention citoyenne Occitanie : portraits de citoyen.ne.s est apparu en premier sur Missions Publiques.

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Mise à jour : 27 septembre à 15:30
La Convention citoyenne Occitanie a débuté mi-septembre. Une centaine de citoyen.ne.s ont été tiré.e.s au sort pour réfléchir à un territoire plus juste et plus durable. Ce territoire, c’est une vaste région. Une terre contrastée qui rassemble 13 départements, deux grandes villes – Toulouse et Montpellier -, un littoral méditerranéen et des zones rurales peu peuplées. Les participant.e.s de la Convention sont issus de milieux différents, représentent toutes les catégories socio professionnelles, tous les âges… Nous vous proposons ici quelques portraits qui illustrent la richesse et la complexité de cette terre. 
« Je suis là pour être le garant du monde agricole.

Jérome

44 ans, paysan

Jérôme est un paysan de 44 ans, un homme qui « travaille avec le sol » et avec tout un écosystème : les animaux (poules, cochons, brebis), les arbres fruitiers et les légumes. Marié, père de 4 enfants, Jérôme a hésité avant de dire oui. Avec le Covid, son chiffre d’affaires, qui reposait à 80% sur les foires, a très fortement chuté. Mais, référencé sur un site de la Région comme agriculteur en vente direct, il a pu assurer des livraisons notamment aux hôpitaux. Après l’épidémie, participer à la convention lui permettait aussi de se « rouvrir » et c’est donc en « garant du monde agricole et pour défendre l’image écornée des agriculteurs » qu’il a finalement accepté. Mais pas que. L’égalité sociale et la précarité sont des sujets qui le touchent particulièrement, personnellement même, puisque Jérôme l’a côtoyée de très près il y a 15 ans. Cet « accident de vie » a été un tournant majeur : changement de métier et de région pour descendre dans l’Aude. « Je suis à l’aise là où je suis aujourd’hui » et malgré des revenus plus que justes et des journées de près de 20 heures, « je ne regrette rien. L’avenir de la planète passe par des exploitations agricoles comme les miennes.

Jérôme est interpellé par un certain nombre de citoye.ne.s. Il explique patiemment la différence des prix entre les producteurs indépendants et les supermarchés, mais aussi la PAC (Politique agricole commune) et la chasse. Des sujets complexes et sujets à tension. « J’essaie aussi de réfléchir aux autres propositions. Et là, c’est très intéressant intellectuellement ». La convention citoyenne n’est pas une démarche qui suscite l’adhésion dans son entourage ; ce serait donc pour lui une réussite si une dizaine de propositions sont réellement portées et ont une conséquence directe pour les habitant.e.s d’Occitanie dans leur vie de tous les jours ». 

« Je ne me suis jamais autant senti citoyen.

Arnaud

36 ans, quincailler indépendant

Arnaud est quincailler indépendant pour les professionnels. Il habite avec sa femme, infirmière et ses deux enfants, dans un village près de Rodez dans l’Aveyron. A 36 ans, il a toujours vécu en Occitanie et hormis les considérations logistiques à gérer par rapport à sa charge de travail et à la garde de ses enfants, il n’a pas hésité une seule seconde à s’engager dans la démarche : « j’y ai vu l’occasion de me réinvestir. Alors que plus jeune je faisais partie d’un conseil municipal pour enfants, je me suis progressivement éloigné de la politique ». Arnaud avait aussi pas mal d’idées à défendre : la transition énergétique, les problèmes de garde d’enfants quand on a des horaires décalés et les déserts médicaux.

De nature expressive, il a échangé, débattu, évolué sur certains sujets comme le recyclage et a noué des liens amicaux avec des personnes inattendues pour lui. « Alors que j’avais des idées reçues à l’encontre des professeurs à la retraite, je bois des coups tous les soirs avec eux ! Des barrières sont tombées » s’amuse Arnaud. Le mandat confié aux citoyen.ne.s par la Région est à son avis un peu vague et entraîne quelques confusions mais la convention citoyenne est, à ses yeux, déjà une réussite : « il y a ici 100 personnes qui ne se sont jamais autant senties citoyennes et concernées. L’autre réussite sera s’il ressort de nos idées une application qui contribue au bien-être du plus grand nombre ». 

« J’ai été enrichie par les idées des autres.

Eva

55 ans, agente immobilière

Eva, 55 ans, vit dans un petit village de l’Ariège. Elle exerce la profession d’agente immobilière et se lance depuis peu dans la création de sa propre entreprise. Elle vient « des îles », du Vanuatu  plus précisément où son père était régisseur de la prison et sa mère secrétaire administrative. La famille est arrivée en métropole en 1979 quand ce petit Etat d’Océanie est devenu indépendant. Concernant son application dans la convention citoyenne Occitanie, elle s’est « immédiatement sentie concernée. De par mon métier, je suis confrontée aux problèmes de logement et les gens réclament aujourd’hui un bon environnement ». Eva est aussi venue à la convention nourrie par son expérience de vie, et avec des objectifs très clairs : un environnement plus favorable aux personnes âgées, parler d’éducation et de scolarité mais aussi de sujets touchant l’alimentation et la vie saine en générale. 

« J’ai pu m’exprimer mais j’ai été enrichie par les idées des autres. D’une manière générale, il y a du partage et du respect et toutes les idées sont bonnes à prendre ». Elle a trouvé certains exercices fastidieux mais au final, elle a apprécié être « poussée dans ses retranchements ». Par la suite, Eva se voit comme une « ambassadrice » de la convention « j’ai la chance de défendre des idées pour tous, il me tarde de rencontrer les élu.e.s de mon village ». Ce qu’elle redoute ? Que la votation citoyenne ne mobilise pas les habitant.e.s d’Occitanie. Son souhait ? Que la moitié des propositions des citoyen.ne.s de la convention soient appliquées par la Région. 

« J’essaie de parler au nom de tous et pas que de moi.

Ahmed

47 ans, auto-entrepreneur

Ahmed est un « nouvel » arrivant en Occitanie. Originaire de banlieue parisienne, il est descendu il y a 3 ans dans le sud avec femme et enfants – 4 – en répondant à l’annonce suivante « école cherche enfants ». Atterrissage donc en Lozère. En été, Ahmed est primeur sur les marchés, dans les villages vacances et les campings. Le reste de l’année, il propose des couscous, tajines et pâtisseries orientales à domicile. A 47 ans, il considère que « c’est une chance de fou » d’avoir été tiré au sort avec en ligne mire une volonté de rencontrer les agent.e.s de la Région et sa présidente Carole Delga. Ses attentes ? Témoigner de la complexité de se déplacer et d’implanter des commerces en zone rurale. Ahmed s’est fait le relai des habitant.e.s de son village de 200 habitants « si vous avez quelque chose à dire, faites le moi savoir ; j’essaie de parler au nom de tous et pas que de moi ». Il a beaucoup apprécié les propositions « on est dans le réel » et les liens qui se créent entre les participant.e.s.

Après la 1re session, Ahmed a tenu au courant de sa participation le maire de sa commune, très réceptif à la démarche. Actif et particulièrement concerné par la vie locale, Ahmed résume sa conception de la politique à « celui qui reste dans son coin n’arrive jamais à rien ». La convention est, pour lui, déjà une réussite, la prise en compte et la réalisation de certaines propositions par la Région constitueront la cerise sur le gâteau.

« Fière de dire ‘j’y ai participé’.

Lydie

43 ans, auto-entpreneure

A 43 ans, Lydie se qualifie de « paysanne », c’est-à-dire une enfant du Gers, son pays. Sans emploi après des ennuis de santé, elle créé depuis 7 ans des objets de décoration qu’elle vendait, jusqu’à l’épisode Covid-19, sur les marchés. Issue d’une famille d’agriculteurs, elle vit dans un village de campagne avec son compagnon et ses  3 enfants. C’est encouragée par son entourage qu’elle s’est rendue à la convention citoyenne. Un choix qu’elle ne regrette pas, bien au contraire « avant, j’étais timide, introvertie. J’ai franchi des barrières qui me semblaient auparavant infranchissables comme parler devant un groupe, à des journalistes et dans un micro ! ».

Pour elle, la convention sera une réussite si certaines propositions sont retenues et appliquées « je serai fière de dire ‘j’y ai participé’ ». Après la 1ère session, Lydie a expliqué la démarche, le tirage au sort et certaines de ses propositions à des habitant.e.s de son village « j’ai ressenti de l’intérêt pour les mêmes sujets de préoccupation ». En véritable porte-parole, elle encourage ses concitoyen.ne.s à participer à la votation citoyenne organisée à partir de 16 octobre. Peu intéressée par la chose politique, Lydie n’avait jamais imaginé s’impliquer autant « je vais m’inscrire sur la liste électorale de mon village. Avec la convention, toutes les portes se sont ouvertes ».

« Ici, je comprends le point de vue des gens.

Llona

21 ans, en formation

Llona habite Nîmes. Après un bac littéraire et un CAP hôtellerie, Llona change de voie et suit désormais une formation de décoratrice d’intérieur. A 21 ans, cette fille d’un père commerçant et d’une mère appartenant aux gens du voyage, se sent décalée par rapport à ses ami.e.s qui ne semble pas avoir les mêmes inquiétudes sur l’avenir, l’environnement et l’écologie. Quand elle a reçu l’appel pour participer à la convention citoyenne, elle a donc immédiatement dit oui. Pas par mimétisme avec la Convention citoyenne pour le climat dont elle n’avait pas entendue parler mais parce qu’elle y a vu « une opportunité pour s’exprimer ».

« Ce que j’aime dans ce processus, c’est qu’on demande aux gens ce qu’ils veulent et qu’on arrête de penser à leur place ». Surprise par les points de convergences avec des participant.e.s pourtant très éloigné.e.s d’elle et son quotidien, Llona ne voit « que du positif » dans cette confrontation bienveillante : « on n’est peut-être pas d’accord sur tout mais c’est ça qui est enrichissant. Ce qui est sûr, c’est qu’on a tous exprimé la même envie de changement ». 

« Ce sera positif si les conventions citoyennes perdurent et se multiplient.

Colette

66 ans, enseignante à la retraite

Colette habite l’Ariège et sa montagne depuis toujours. A 66 ans, cette enseignante à la retraite, spécialisée dans les enfants en difficultés, sportive, joueuse de saxophone et bénévole à la Croix-Rouge a repris des études et obtenu un master en aménagement du territoire. Enthousiaste à l’idée d’avoir été tirée au sort, cette ancienne militante de l’éducation populaire à la Ligue de l’enseignement n’a pas hésité à participer à la Convention citoyenne de sa région avec pour objectif de départ de « défendre la juste place des associations ainsi que celle des élu.e.s du territoire ».

Après la première session, elle est un peu réservée sur le contenu des propositions : « on a joué les bons élèves. En lisant la liste des premières propositions (230 !), je trouve qu’on n’a pas eu l’occasion d’exprimer ce qu’on avait au plus profond, et beaucoup de propositions me semblent déjà avoir été réalisées ou en cours. J’attends de voir la suite ». En revanche, Colette juge la démarche innovante et souligne le mérite de la Région d’organiser la rencontre de ces citoyen.ne.s venus d’univers très différents et d’ancrer les réflexions dans le quotidien des habitant.e.s : « Chapeau d’arriver à ce que tous ces échanges se déroulent dans un tel esprit de convivialité, avec aussi peu d’accrochages et beaucoup de bienveillance. C’est très fort et je peux dire que j’ai progressé dans l’écoute des autres ». Pour Colette, la démarche sera un succès, si des conventions ou consultations « perdurent et se multiplient ». A suivre.

« La convention sera une réussite si 20% de nos propositions sont effectives d’ici 1 ou 2 ans.

Francis

70 ans, gendarme à la retraite

Francis, 70 ans, est un ancien gendarme. Il habite un petit village du Gers où il distille de l’armagnac. Comme beaucoup de citoyen.ne.s tiré.e.s au sort pour participer à la Convention citoyenne Occitanie, Francis a tout d’abord cru à un canular. Vérification auprès de la Région, petit délai de réflexion et puis c’est oui. La Convention citoyenne pour le climat ? « C’est rien du tout ! » affirme Francis, pour qui « le climat n’est pas l’affaire des êtres humains, c’est une question de cycle». Très sceptique sur le climat certes, mais ni sur le tirage au sort qu’il juge « juste » ni sur le principe de la convention « utile » à ses yeux  « puisqu’on n’est pas là pour voter pour une personne ». L’échelle régionale prend tout son sens et c’est cette proximité avec le quotidien des Occitan.ne.s qui rend Francis optimiste sur le processus. Après une première journée dense en informations et interventions (mais pas assez pédagogiques à son goût), les participant.e.s ont commencé à rentrer dans le dur des propositions.

La co-construction semble avoir été une révélation pour Francis, très enthousiaste après avoir débattu avec ses camarades de table. « Ce que j’apprécie particulièrement, c’est qu’on aboutit toujours à une solution valable. On cherche le consensus ». Quant à la votation citoyenne qui débute le 12 octobre, Francis espère que les habitantes et habitants d’Occitanie seront nombreux.ses à voter sur les propositions issues de la Convention. Lui s’en fera le relai, c’est certain. 

“Je sens que je peux apporter ma pierre à l’édifice.

Nacera

24 ans, chargée d’affaires
professionnelles en banque

Nacera travaille dans la banque à Nîmes. Elle est chargée d’affaires professionnelles. A 24 ans, elle se dit chanceuse d’avoir été tirée au sort. Oui, elle a fait le parallèle avec la Convention citoyenne pour le climat sans véritablement appréhender la démarche. Ce qui la motive ? Aborder des sujets qui touchent « aux besoins primaires » : se loger, se nourrir, consommer. « Je me suis dit : moi aussi, je peux apporter ma pierre à l’édifice ». Pour l’instant, la convention citoyenne Occitanie tient ses promesses, c’est-à-dire « écouter sans orienter », une des craintes de Nacera. Ses préoccupations principales sont l’emploi pour les jeunes diplômés, l’éducation et logement et aussi tout ce qui a trait au « bien-vivre » : manger bio et local, la mobilité douce…

A l’écoute, Nacera aime dialoguer avec des personnes dont elle ne partage pas les points de vue. « Je me sens impliquée. Au début, je comprenais mal les objectifs et comment corréler toutes ces thématiques avec le Green new deal. Maintenant, c’est clair » grâce entre autres au speed-dating organisé avec les agent.e.s de la Région pour mieux comprendre ses champs de compétences. Nacera se dit enthousiaste à l’idée de proposer des pistes concrètes aux habitant.e.s d’Occitanie, appelés à voter sur les propositions de la convention mi-octobre.  

« Les propositions de la Convention citoyenne ne doivent pas rester au stade d’utopie.

John

30 ans, commercial dans la
rénovation de l’habitat

John a 30 ans et vient d’un village dans le Gard, près de Nîmes. Depuis 5 ans, il exerce la profession de commercial dans la rénovation de l’habitat, une entreprise familiale créée dans les années 60 par son père. Avec sa femme, ils proposent également des chambres d’hôtes si bien que John s’intéresse autant aux sujets touchant l’écologie et la transition énergétique qu’aux enjeux du tourisme. Lors de la première session, John a apprécié plancher « sur des choses plus grandes que nous » et confronter ses idées avec des personnes « qu’il n’aurait pas eu l’occasion de côtoyer ». Une richesse qui lui permet « d’évoluer ». « J’essaie de m’intéresser à d’autres sujets et j’en profite pour me cultiver : j’ai même décidé de lire Nietzsche ! ».

Ce qu’il souhaite, c’est que cette convention régionale ne fasse pas polémique contrairement à la Convention citoyenne pour le climat réduite à « 3 propositions et puis, plus rien ». Les propositions ne sont pas encore assez précises. A l’issue des trois sessions, John souhaiterait que la convention citoyenne Occitanie aboutisse à des propositions concrètes « bien ficelées qui intègrent le projet, la solution et les moyens de la Région ». A ses yeux, la votation citoyenne permettra aux habitant.e.s du territoire de dégager des priorités. Pour que toutes ces propositions ne restent pas au stade de « l’utopie ».  

“Ça me redonne du baume au cœur de ressentir cette cohésion.

Lucille

26 ans, comédienne

Lucille est une comédienne de 26 ans originaire de Toulouse. Elle cumule plusieurs emplois, prof de théâtre et ouvreuse, pour pouvoir vivre de sa passion. Comme beaucoup de participant.e.s tiré.e.s au sort, elle a d’abord cru à une blague mais a néanmoins très vite accepté « j’ai la sensation qu’on a toutes et tous un rôle citoyen à jouer dans la région ». Défendre la culture, mieux expliquer ses contours et ses enjeux au-delà des questions de patrimoine, voilà ce qu’avait en tête Lucille avant la première session de la convention citoyenne. « Malgré nos métiers différents, on a tous des revendications communes : assurer le bien-être des citoyen.ne.s et prendre soin de notre lieu de vie et de notre planète. Alors que je me sentais très seule après le confinement, ressentir cette cohésion m’a redonné du baume au cœur ».

La rencontre avec les agent.e.s de la région l’a un peu déçue car trop axée sur l’existant, celle avec les acteur.trice.s du territoire en revanche a été une expérience « assez forte » par l’étendue des projets et la « radicalité » de certaines initiatives. Ses attentes ? Que les mesures travaillées par les 100 citoyen.ne.s soient entendues et appliquées. Lucille se qualifie peut-être de « grande pessimiste » mais, avec cette convention, « on peut aspirer à un changement global ».  

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« Il n’y a pas de citoyen.ne moyen.ne » https://missionspubliques.org/il-ny-a-pas-de-citoyen-ne-moyen-ne/ Wed, 16 Sep 2020 14:37:04 +0000 https://missionspubliques.org/?p=2752 L’article « Il n’y a pas de citoyen.ne moyen.ne » est apparu en premier sur Missions Publiques.

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Vaia Tuuhia est déléguée générale de l’association 4D, un « think and do tank » citoyen pour la transition vers un développement durable. Elle est intervenue lors de la première session de la Convention citoyenne Occitanie à Toulouse pour tracer les enjeux de la transition… à portée de toutes et tous.

Missions Publiques : Parmi les « exigences » de 4D[1], il y a l’enrichissement de la démocratie. Les ONG et les associations sont parties prenantes de cette revitalisation démocratique mais qu’en est-il de la contribution des citoyen.ne.s ?

Vaia Tuuhia : La contribution des citoyen.ne.s à l’enrichissement de la démocratie est vitale : il n’est pas possible de réussir la transition sans eux. C’est encore plus vrai aujourd’hui, dans une période où nous savons qu’il faut accélérer les changements et où les seuils d’alerte sont quasiment atteints. Faire sans les citoyen.ne.s, c’est créer une distance, c’est continuer à nourrir les peurs. Et la peur vient souvent nourrir l’immobilisme voire les antagonismes. La transition ne doit exclure personne. Ce sont les citoyen.ne.s qui sont les acteurs.trice.s de cette histoire de demain.

MP : Les associations/ONG représentent des citoyen.ne.s engagé.e.s au service d’une cause. Quel a été l’élément déclencheur pour ouvrir à une participation citoyenne plus large ?

VT : Depuis longtemps, 4D construit, notamment avec les Agenda 21, des ponts entre les institutions, les élu.e.s et les citoyen.ne.s. Mais en 2013-2014, avant la COP 21, nous avons mal vécu le débat sur la transition énergétique. Au bout de plusieurs mois de négociations, nous aboutissons avec les différents représentants des corps intermédiaires à l’écotaxe et nous nous engageons à dupliquer cette conférence au niveau régional. Mais voilà, nous nous heurtons à l’incompréhension des médias d’un part et aux bonnets rouges d’autre part. Tout ce travail de démocratie participative n’a pas infusé jusqu’au grand public.

MP : 4D s’est donc lancée dans une démarche sur les modes de vie…ce qui fait résonnance avec la Convention citoyenne Occitanie où les participant.e.s travaillent des propositions à partir de leur quotidien.

VT : Il est inconcevable, aujourd’hui, de travailler uniquement de politique publique à politique publique et de parler à « la place de » ou de « représenter ». Nous devons aller au-delà de l’acceptation, de l’acceptabilité des citoyens… pour enclencher la contribution Les seuls experts des modes de vie, ce sont ceux qui les vivent. Pour imaginer des modes de vie durables et désirables, nous avons intégré donc les modes de vie, comme moteurs de changements mais aussi pour montrer toute la transversalité des pratiques quotidiennes : je me lève, j’allume la lumière, je mange, je prends ma douche, les transports etc. Quand on s’adresse aux citoyens, on leur parle trop souvent de production d’énergie ou d’agriculture comme des thématiques lointaines et techniques. Or en une demie heure, encore en pyjama, s’ils ont un toit, ils ont déjà interagi avec les politiques de l’eau et assainissement, d’énergie, d’agriculture voire industrie et chaîne agroalimentaire, du bâtiment…

"Mettre en mouvement les gens, en capacitation, c’est faire la démonstration que nous ne sommes pas dans la punition mais dans la contribution. Le sens de l’action et les relations offrent du plaisir.

Crédit photo : Chapelies Crew

Vaia Tuuhia

Déléguée générale de l’association 4D

MP : Comment travaillez-vous sur cette acceptabilité ?

VT : Nous essayons de montrer que leur mode de vie plus que leur geste n’est pas anodin[2]. Faire le tri, c’est un geste, c’est prendre conscience des déchets que nous produisons. C’est aussi comprendre que les déchets végétaux peuvent servir à fabriquer de l’énergie ou du compost. Si on mange bio, les déchets qui retournent à la terre enrichissent les sols etc. Notre attitude, choix socio-culturel, donne une autre valeur au geste. Toute cette chaîne de comportements et d’interactions entre moi, mon quotidien et le collectif, ce qui est à ma portée, participe de ce changement de mentalité auquel nous assistons depuis 5 ans. Aujourd’hui, même si la filière du recyclage n’est pas encore optimum, le marché de la seconde main, qui fait partie de l’économie circulaire, est en train d’exploser. En passant du jetable au durable, on ne mesure pas son impact sur la transformation de la filière mais on est acteur d’un changement de culture et c’est déjà énorme. C’est le point mort, souvent des stratégies de changement. Mettre en mouvement les gens, en capacitation, c’est faire la démonstration que grâce à tout cela, nous ne sommes pas dans la punition mais dans la contribution et qu’en plus, on peut se faire plaisir. Le sens de l’action et les relations offrent du plaisir.

MP : Lors de votre intervention devant les citoyen.ne.s de la Convention Occitanie, vous avez dit que dans le débat public, le.a citoyen.ne. moyen.ne n’existait pas…

VT : Ce que nous avons vécus avec les COP, ce sont les antagonismes entre les pays et les citoyen.ne.s du monde. Comment dire à quelqu’un qui a peine à se nourrir dans le Sahel que, grâce à la COP, on réduit les émissions de gaz à effet de serre ? C’est cette fameuse « responsabilité commune mais différenciée » qui existe aussi dans les efforts et les possibles que chacun doit faire ou se voit offrir sur son territoire. On entend régulièrement « les Français.e.s émettent 12 tonnes de CO2 par an ». Cette empreinte carbone est calculée en fonction des émissions nationales divisée par le nombre d’habitant.e.s. Cela donne une indication mais les personnes ne savent pas sur quoi agir… puisqu’elles n’ont ni la même vie ni les mêmes besoins. On demande aux Français.e.s de rationnaliser l’effort, et de réduire leurs émissions. Mais se penche-t-on sur le pourquoi ? Interroge-t-on ce « pourquoi » parce que certains travaillent dès 5 heures du matin et possèdent un vieux diesel ou parce que d’autres ont trois maisons de campagne ? Ce n’est pas la même racine du problème. Certains font le double de ces émissions, d’autres ne l’atteignent jamais. L’approche statistique « Français.e moyen.ne » peut être perçue comme une injustice. Et mettre des statistiques derrière un geste, ça ne marche pas. En travaillant sur la diversité des profils, le lieu d’habitation, la composition de la famille, les revenus, nous avons dégagé 8 à 9 archétypes différents de profils qui nous ont permis de travailler non pas sur les gestes mais sur la psychologie. C’est ce qu’on appelle le facteur humain avec sa dimension sensible et culturelle.

MP : Qu’attendez-vous des démarches type convention citoyenne ?

VT : Ce que j’apprécie en premier lieu, c’est le tirage au sort et cette « réprésentativité » maximisée de la population. Les démarches participatives ne sont pas nouvelles mais avec la convention citoyenne, on réaffirme 3 choses : 1. La participation citoyenne est « au cœur » et pas « à côté » de la démarche de construction des politiques publiques. A chaque fois qu’on en fait l’impasse à l’instant T, on augmente le risque de clash à l’instant T+1. 2. On a besoin pas de faire de la pédagogie avec les citoyen.ne.s et de leur rendre des compte. C’est le droit de suite. La redevabilité : on dit, on fait, on rend compte. La convention citoyenne le systématise. 3. L’élu, l’institution est à l’écoute. Et écouter, c’est déjà une posture de « faire avec ». C’est casser la verticalité des process et laisser une chance à une gouvernance plus agile, plus horizontale. J’ai été cheffe de projet dans la fonction publique pour la participation citoyenne aux politiques européennes au début des années 2000, je mesure tout à fait le sujet !

[1] 4 D comme Dossiers et débats pour le développement durable : https://www.association4d.org/
[2] Our life 21 est un kit pédagogique pour proposer des initiatives de prospective participative sur les modes de vie sobres et désirables en 2050

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