Archives des APF France handicap - Missions Publiques https://missionspubliques.org/tag/apf-france-handicap/ Thu, 10 Mar 2022 09:42:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://missionspubliques.org/wp-content/uploads/2021/03/favicon.png Archives des APF France handicap - Missions Publiques https://missionspubliques.org/tag/apf-france-handicap/ 32 32 Débat citoyen sur la protection sociale : clap de fin ? Pas vraiment… https://missionspubliques.org/debat-citoyen-sur-la-protection-sociale-clap-de-fin-pas-vraiment/ Wed, 09 Mar 2022 20:17:48 +0000 https://missionspubliques.org/?p=6213 L’article Débat citoyen sur la protection sociale : clap de fin ? Pas vraiment… est apparu en premier sur Missions Publiques.

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Le débat citoyen sur la protection sociale initié par APF France handicap vient de s’achever. Cette aventure, qui a rassemblé 34 adhérent-e-s de l’association et 24 citoyen-ne-s tous tiré-e-s au sort, s’est clôturée par une journée de restitution de l’avis au musée des Arts Forains à Paris puis par une rencontre avec les équipes de campagne des candidat-e-s à l’élection présidentielle.

Les participantes et participants du débat citoyen se sont enfin rencontrés en vrai mardi 1er mars. Pour remercier les participants de leur implication et valoriser leurs recommandations, APF France handicap avait organisé la cérémonie de restitution de l’avis citoyen au musée des Arts Forains à Paris. Un endroit magique et singulier pour clôturer des semaines de rencontres et de discussions derrière des ordinateurs. « Ils ont réussi à créer du lien social uniquement avec de la visio ! s’étonne Aude, responsable du développement associatif à APF France handicap, « le présentiel ne fait que le confirmer ». Aude avait aussi la charge du recrutement des facilitateurs au sein même de l’association, car l’autre particularité de la démarche (en plus de mixer public en situation de handicap et public valide) était la formation en interne. En soutien à l’équipe de Missions Publiques en charge de la coordination et de l’animation, des membres volontaires de l’association ont aidé et facilité les discussions en sous-groupe tout au long du débat (lire les interviews des facilitateurs d’APF France handicap). « C’est vraiment émouvant de se retrouver. D’un certain point de vue, c’est comme si on se connaissait déjà » confirme Pascal, facilitateur d’APF et Directeur territorial des actions associatives (Essonne, Seine et Marne et Val de Marne).

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Après une présentation de leur avis citoyen « protection sociale : quel modèle pour demain ? », les participants ont eu un retour précis et documenté de deux intervenants : Eric Chenut, président de la Mutualité française et Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT, tous deux soulignant « la qualité des recommandations » et la nécessité de « travailler collectivement sur les enjeux de demain ». « La protection sociale nous concerne tous dans notre capacité à nous émanciper collectivement et individuellement. C’est probablement quelque chose qui nous manque dans le débat public : redonner du sens et de la perspective. Il faut donner la capacité aux citoyens de prendre part au débat pour qu’ils puissent agir sur leur environnement personnel et familial et pour ne pas subir les transformations de demain. L’idée est de savoir répondre aux nouveaux fragments de la société, aux modes de vies plus séquentiels que nous connaissons » a déclaré Eric Chenu qui est également revenu sur la démarche de démocratie participative que la Mutualité française a conduite sur le sujet de l’aide, de l’entraide et des nouvelles solidarités. Un exercice participatif qui a aussi intéressé le représentant du syndicat pour qui « votre travail montre qu’il est possible de porter une parole collective, non professionnelle et non personnelle qui se bâtit sur des sujets parfois complexes et techniques. La question de l’accessibilité et des droits des personnes doit être une préoccupation majeure. On ne progressera pas si on ne prend pas en compte les conditions de travail de toutes les personnes ».

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Le thème de la protection sociale est large et interroge de nombreux sujets de société : le domaine de la santé (mentale et environnementale), mais aussi les mutations du travail, la distribution des richesses, l’évolution de la famille, les notions d’entraides et reconnaissance des contributions non marchandes à la société etc. C’est ce qu’on défendu les participants, qui ont rencontré le lendemain les équipes de campagne des candidats à l’élection présidentielle dans leur QG respectif [1]. Un accueil apprécié et pour certains un échange constructif sur des propositions concrètes et des ambitions (parfois partagées, parfois non) : revenu universel, lutte contre les déserts médicaux, renforcement des services de proximité dans les territoires, valorisation du travail des aidants professionnels et meilleure reconnaissance de l’aidance familiale… mais aussi renforcement du volet préventif de la protection sociale et une meilleure prise en compte de la santé mentale et des conséquences du réchauffement climatique sur la santé. Si certaines équipes, plus à l’aise sur le thème du handicap, ont cherché à circonscrire les échanges sur ce sujet, les citoyens, eux, ont eu un cœur de défendre une vision et des propositions de transformation plus globales sans se laisser enfermer dans une case.

[1] Dominique Versini (Anne Hidalgo), Lydie Raer (Yannick Jadot), Dominique Gillot (Emmanuel Macron), Marie-Laure Darrigade (Jean-Luc Mélenchon), Philippe Mouiller (Valérie Pecresse) et Michelle Demessine (Fabien Roussel).
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Enthousiastes sur l’expérience, ils sont plus dubitatifs sur les « résultats » et la prise en compte par les candidats de ce sujet. Du côté de l’association APF France handicap, les administrateurs se sont engagés à faire vivre les travaux et à intégrer une partie des propositions dans leurs réflexions, notamment via le projet associatif. « Au-delà des moyens budgétaires à trouver, l’avis souligne qu’il s’agit d’un investissement pour l’avenir. Notre pays a la capacité de prendre des décisions audacieuses. » s’est félicitée Pascale Ribes, présidente d’APF France Handicap « Ce débat marque une opportunité pour échanger sur nos préoccupations personnelles et collectives. Il fallait des échanges profonds, constructifs et apaisés ».

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Débat citoyen sur la protection sociale : l’analyse des facilitateurs d’APF France handicap https://missionspubliques.org/debat-citoyen-sur-la-protection-sociale-lanalyse-des-facilitateurs-dapf-france-handicap/ Wed, 09 Mar 2022 20:16:59 +0000 https://missionspubliques.org/?p=6203 L’article Débat citoyen sur la protection sociale : l’analyse des facilitateurs d’APF France handicap est apparu en premier sur Missions Publiques.

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Le débat citoyen sur la protection sociale initié par APF France handicap vient de s’achever. Cette aventure, qui a rassemblé 34 adhérent-e-s de l’association et 24 citoyen-ne-s tous tiré-e-s au sort, s’est clôturée par une journée de restitution de l’avis au musée des Arts Forains à Paris. C’est la première fois que les citoyens se voyaient en vrai et rencontraient les facilitateurs des débats, à la fois des professionnels mais aussi des membres de l’association formés pour l’occasion. Présents le jour J, Aude, responsable du développement associatif ; Pascal, directeur territorial des actions associatives (Essonne, Seine et Marne et Val de Marne) et Claudine, cheffe de projet Ressources, ont répondu à nos questions.

Missions Publiques. Que retenez-vous de cette démarche ?

Aude. L’hybridation entre citoyens lambdas et adhérents de l’association est super intéressante et importante pour nous. Avec cette démarche, salariés, adhérents et élus de l’APF ont pu s’approprier un apprentissage complet sur le rôle de facilitateur, notamment sur sa neutralité en animation. Il faut dire que ce n’est pas forcément simple quand on est justement une association militante. Mais nous avons été épaulés par l’expertise de Missions Publiques. Ce débat citoyen était important pour nous car l’objectif était de démontrer que notre association pouvait porter et organiser de la participation citoyenne sur des sujets plus larges que sur le handicap.

Pascal. Comme beaucoup, je suis un peu déçu que tout se soit passé en distanciel car cela affaiblit la possibilité d’avoir des temps de convivialité et de cohésion, de constitution d’un groupe. Cela étant, j’ai trouvé que c’était plutôt très bien animé y compris les alternances entre les plénières et les ateliers qui ont vraiment permis d’avancer et de construire l’avis final. Je suis plus dubitatif sur les apports extérieurs. Même si ce n’est pas l’avis de tous, je n’ai pas eu l’impression que ça nourrissait énormément les échanges. Au fur et à mesure de ces derniers, une image m’est venue : ce débat citoyen a fonctionné comme une imprimante 3D, c’est-à-dire qu’à chaque séance des couches de contributions se rajoutaient sur d’anciens points. J’ai bien envie que l’on s’inspire de ce type d’animation, de production collective, pour moderniser la manière dont on anime notre réseau militant.

Claudine. Je trouve que c’est une super initiative de notre association qui affiche une volonté d’expression démocratique forte en y associant la société civile. Cela a permis la création d’excellents moments de partages entre les personnes concernées par le handicap et les personnes qui ne le sont pas. Souvent, les gens ne se sentent pas concernés par cette situation et leur méconnaissance traduit des moments gênants comme le fait de ne pas oser se rapprocher de certaines personnes en situation de handicap. Localement, ça me donne envie d’appréhender de nouvelles initiatives : ne pas mettre que des personnes en situation de handicap dans la boucle mais élargir à des citoyens hors milieu. Grâce à cette démarche, j’ai beaucoup appris même si je ne suis pas encore experte de la facilitation.

La démarche s’inscrit aussi dans la volonté de l’association de renforcer son travail sur la participation citoyenne : comment permettre à des personnes en situation de handicap de participer aux orientations de l’association ? Comment participer au plaidoyer et aux actions de plaidoyer ? En ce sens, le débat citoyen a constitué une étape supplémentaire dans la réflexion en ouvrant le débat aux personnes non adhérentes.

« En matière d’inclusion, il n’y a rien de tel. Je pense que les participants de la société civile ont pris conscience que ce n’est pas parce qu’on rencontre des difficultés à s’exprimer (problème d’élocutions notamment…) que l’on n’a rien à dire.

Claudine

Cheffe de projet Ressources d'APF France Handicap

Missions Publiques. La démarche d’APF France handicap s’inscrit dans la volonté de l’association de renforcer son action de plaidoyer et de nourrir ses orientations. Pour vous, qu’à permis ce débat citoyen ?

Pascal. Une démarche participative comme celle-ci permet de proposer une forme de débat bienveillante donnant la parole à tout le monde. C’est cette liberté d’expression qui a permis à des avis minoritaires, parfois agressifs et extrémistes, de se faire une place importante au début des échanges. Mais le travail collectif des participants amène chacun d’entre-nous à revoir nos positions. Petit à petit, ces mêmes avis ont été marginalisés et les auteurs ont pu atténuer leurs propos.

Claudine. En matière d’inclusion, il n’y a rien de tel. Surtout lorsqu’on ouvre la participation au grand public. Dans notre cas, je pense que les participants de la société civile ont pris conscience que ce n’est pas parce qu’on rencontre des difficultés à s’exprimer (problème d’élocutions notamment…) que l’on n’a rien à dire. Il faut être à l’écoute de ceux qui n’osent pas prendre la parole.
Pour que ces objectifs soient atteints, je pense qu’il est important de se faire aider par des professionnels de la participation et de l’inclusion.

« Le travail est solide et bien construit, je sens que c’est compris, je sais que je vais le diffuser autour de moi.

Pascal

Directeur territorial des actions associatives

Missions Publiques. Que retenez-vous de l’avis citoyen final ?

Aude. En ce qui concerne les résultats, nous avons là une très belle synthèse de ce qu’on a pu entendre. Voir la réaction des personnes qui ont représenté ces contributions est bluffant.
A voir désormais ce que cela va donner avec les politiques : sont-ils capables de s’en saisir ? Pour le moment, ce sujet n’est pas une très grande réussite. Néanmoins, grâce à ce débat citoyen, nous montrons que nous avons la capacité de faire le lien entre les citoyens et les hommes/femmes politiques (ou personnes qui influent sur les politiques publiques).

Pascal. Le travail est solide et bien construit, je sens que c’est compris, je sais que je vais le diffuser autour de moi. Cependant, l’effet sur les candidats, je n’y crois pas du tout. Quand on voit les anciennes démarches plus importantes qui n’ont rien données… La période actuelle de campagne présidentielle est propice aux fausses promesses.

Claudine. Je suis très satisfaite du résultat mais pas sûre que nous soyons vraiment entendus. Il faut que tous les membres d’APF France handicap bousculent l’ensemble des acteurs politiques qu’ils connaissent et pas que le Président de la République. Il y a les départements, les mairies, les députés, les agglomérations, etc. Il faut continuer le combat.

Et elle entend bien utiliser la plateforme pour porter sa voix au sujet des violences envers les femmes… En 2019, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté, par 13 voix et 2 abstentions (Russie et Chine), une résolution pour combattre le viol comme arme de guerre, mais en la vidant de sa substance. Sa résolution aujourd’hui : faire reconnaître par l’UE le viol comme arme de guerre. Son arrivée à Dublin, en Irlande, pour cette dernière session des Panels Citoyens est un souffle d’air pour « parler la langue que je chante, mais que je ne parle jamais ! ».

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Pub et paris sportifs : retours sur les ateliers citoyens https://missionspubliques.org/pub-et-paris-sportifs-retours-sur-les-ateliers-citoyens/ Wed, 09 Mar 2022 20:15:33 +0000 https://missionspubliques.org/?p=6162 L’article Pub et paris sportifs : retours sur les ateliers citoyens est apparu en premier sur Missions Publiques.

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Débat citoyen APF France handicap : paroles de participants https://missionspubliques.org/debat-citoyen-apf-france-handicap-paroles-de-participants/ Fri, 07 Jan 2022 08:47:18 +0000 https://missionspubliques.org/?p=5688 L’article Débat citoyen APF France handicap : paroles de participants est apparu en premier sur Missions Publiques.

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APF France handicap est une association de défense et de représentation des personnes en situation de handicap et de leurs proches. Dans le cadre de la présidentielle, l’association initie un débat citoyen sur « la protection sociale : quel modèle pour demain ? ». La particularité de la démarche est de faire se croiser les regards entre personnes en situation de handicap, aidants ou proches et citoyens hors du champ du handicap. Nous avons interrogé quelques participantes et participants sur leurs motivations.

« Dépendre de la solidarité familiale est aberrant »  

A 28 ans, Stéphanie vit séparée de son conjoint. Un choix ? Pas vraiment. S’installer en couple l’empêcherait en effet de percevoir l’AHH, l’allocation adulte handicapée (1). C’est l’une des motivations qui la pousse à franchir les portes, virtuelles, du débat citoyen d’APF France handicap sur la protection sociale de demain. « Je serais totalement dépendante financièrement de mon conjoint, qu’on soit mariés ou non. J’aimerais que les politiques comprennent qu’être en situation de handicap n’est pas un choix. C’est aberrant aujourd’hui qu’on dépende de la solidarité familiale à ce point, en entretenant la précarité et en s’appuyant sur celles et ceux qui sont déjà aidants au quotidien ».

« J’aimerais que les politiques comprennent qu’être en situation de handicap n’est pas un choix. C’est aberrant aujourd’hui qu’on dépende de la solidarité familiale à ce point. »

– Stéphanie

Un autre phénomène : les personnes en situation de handicap sont, pour la plupart, contraintes d’être locataires à vie. « Ce n’est pas avec 900 euros par mois que je peux envisager sereinement de faire des enfants et que je vais pouvoir accéder à la propriété ».  Nourrie par son expérience de vie, Stéphanie porte un objectif bien précis. Elle plaide pour que la société dans son ensemble se sente concernée par la problématique globale de la protection sociale. « Je suis citoyenne avant d’être une personne en situation de handicap ».

(1). Le 17 juin 2021, la majorité et le Modem n’ont pas soutenu la proposition de loi permettant de ne plus tenir compte des revenus du conjoint dans le calcul de l’Allocation adulte handicapé (AAH) (articles en lien ci-dessous), face à tous les partis d’opposition qui, une fois n’est pas coutume, avaient fait front. Au désespoir des personnes concernées, ce texte n’a donc pas été voté…  

« Un meilleur dialogue entre les secteurs du social et du sanitaire »  

Caroline est enseignante chercheuse en soins palliatifs et accompagnement de fin de vie. Survivante d’un accident grave étant jeune fille, mariée à un époux qui a traversé trois cancers, elle connait les hôpitaux, et les hôpitaux la connaissent. Son métier-passion, elle le pratique depuis maintenant 20 ans par engagement. 20 ans qu’elle partage, écoute et accompagne des professionnels en formation qui se questionnent sur le mieux et le possible pour alléger les souffrances de leurs patientes et patients et de leurs proches à accompagner jusqu’à la fin de la vie.

« La protection sociale ne peut plus être autant financées par le fruit du travail ou des taxes sur les petites entreprises. Beaucoup sont déjà étranglés. »

– Caroline

Caroline connait bien l’association APF France handicap. Sollicitée il y a quelques années pour animer un groupe éthique sur la prise en charge de la douleur et la communication avec les personnes en situation de handicap, elle revient aujourd’hui pour participer au débat citoyen. Pour elle, il est important de créer un meilleur dialogue « entre les personnes du secteur sanitaire et les personnes du secteur social parce que nous n’avons pas tous le même discours ou les mêmes approches dans la prise en charge globale de la personne ». Son message ?  « La protection sociale ne peut plus être autant financées par le fruit du travail ou des taxes sur les petites entreprises. Beaucoup sont déjà étranglés. ». Aujourd’hui, elle se dit qu’elle devrait partir à la retraite mais encore faudrait-il trouver le relais.

« Enrichi par le dialogue avec les autres »   

Originaire du Var, David est un idéaliste de 43 ans qui rêve d’une France meilleure, plus humaniste et solidaire. Il espère même pouvoir se présenter aux élections présidentielles de 2022. Son collectif de campagne : « Vers l’humanisme » parce qu’on « n’entend plus suffisamment parler d’humanisme en politique aujourd’hui, et c’est sans doute la solution à tous nos problèmes ».

« On n’entend plus suffisamment parler d’humanisme en politique aujourd’hui, et c’est sans doute la solution à tous nos problèmes. »

– David

Pour lui, le débat citoyen organisé par APF France handicap est une opportunité « d’apprendre comment les gens réfléchissent, parce que si on veut combattre certaines idées il faut comprendre le pourquoi ». Son projet pour l’avenir : construire collectivement une alternative au capitalisme qui « épuise à la fois les êtres humains et la nature ».  De la revalorisation des métiers occupés par des femmes, à un revenu universel en passant par la prise en compte du vote blanc ou l’investissement massif dans les domaines de l’écologie et de la santé, son programme est « enrichi par les discussions avec les participantes et participation de sa table, que l’on soit alignés ou non ».

« On a tout à gagner à être dans le droit commun »   

Denyse est en situation de handicap depuis plus de 40 ans, après un AVC survenu pendant le congé maternité de son deuxième enfant. Elle a d’abord repris partiellement le travail avant de devoir arrêter, les voyages n’étant plus compatibles avec sa vie. Et malgré ses diplômes en sciences de l’économie et son expérience en banque, elle n’a plus trouvé d’emploi, « de place pour se recycler » selon ses mots.

« J’ai toujours apprécié la démarche participative car on avance ensemble. »

– Denyse

Cela fait 30 ans qu’elle est bénévole à APF France handicap car elle ne conçoit pas de rester chez elle. Depuis 2007, Denyse est élue-conseillère à la section locale de l’association de Loire-Atlantique. Cela consiste à adapter et à décliner les valeurs et les politiques du conseil d’administration national au niveau départemental et en l’adaptant au contexte local. En plus de son engagement associatif, elle est largement présente à la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) et plus particulièrement dans la Commission des lois et de l’autonomie. Au-delà du sujet sur la protection sociale et de la question «public/privé » qui l’intéresse, elle a dit oui au débat citoyen car « j’ai toujours apprécié la démarche participative car on avance ensemble ». Elle attend de cette expérience des « propositions constructives à proposer aux candidats » et une « mise en avant de ce sujet dans la campagne » même si elle regrette que les gens ne s’en préoccupent pas plus. Pour elle, partir des personnes en situation de handicap permet de révéler des problématiques sociétales plus larges et d’avoir des propositions qui profite à toute la population. C’est pour cela qu’il faut élargir à tout prix le débat et sortir de l’entre-soi : « On a tout à gagner à être dans le droit commun. Le but n’est pas de mettre en avant des personnes car on est un collectif. J’ai toujours préféré la collégialité, c’est important d‘avoir tout le monde avec soi ».

« J’ai envie que le groupe soit écouté »   

Sylvain est enseignant en activités physiques adaptées pour APF France handicap dans un établissement médico-social en Savoie. Ce qui le motive, c’est de valoriser les capacités des personnes en partageant des activités qui génèrent du plaisir. D’abord sceptique, il a accepté de participer au débat citoyen organisé par l’association sur la protection sociale.

« Il faut pouvoir lever les freins à la pratique d’une activité physique ou sportive régulière, y compris en développant l’offre sportive inclusive profitable à tous. »

– Sylvain

Sylvain travaille depuis 3 ans chez APF France handicap. S’il a accepté de participer au débat citoyen de l’association, c’est parce qu’il croit en la force du collectif et des projets conduis en équipe. Sa motivation est de parvenir à une société plus inclusive et solidaire. Pour lui, cette participation est importante pour nourrir ses connaissances sur son domaine d’intervention, pouvoir écouter des spécialistes, et aussi échanger sur le thème de la protection sociale avec les sportifs qu’il accompagne.

En premier lieu sceptique : « La participation citoyenne ? J’étais un peu réticent, je doutais de l’efficacité de ces démarches. C’est pour cela que je n’ai pas formulé d’attentes très exigeantes pour ne pas être déçu », il s’est quand même laissé séduire par la richesse de l’expérience « J’ai quand même envie de m’y mettre à fond et de m’impliquer. J’ai envie que le groupe puisse être écouté par quelques candidats aux élections présidentielles 2022. Et qu’une ou deux propositions puissent être retenues ». Sylvain souligne également sa sensibilité écologique qu’il retrouve dans les débats « Les participants ont conscience du lien fort entre l’environnement et la santé ».

L’enseignant de 35 ans est animé par son combat pour l’égalité d’accès aux loisirs sportifs et pour que les effets bénéfiques des activités physiques et sportives soient connus et reconnus « Il faut pouvoir lever les freins à la pratique d’une activité physique ou sportive régulière, y compris en développant l’offre sportive inclusive profitable à tous ».

« Les gens ont tellement de connaissances ! »   

Toulousaine de 56 ans et juriste de formation, Catherine est assureur au service corporel contentieux d’une compagnie d’assurance. Depuis 30 ans, elle approche au quotidien la problématique du handicap à travers ses dossiers de victimes d’accidents de la circulation, d’accidents de la vie privée ou d’accidents médicaux.

« La protection sociale est un sujet permanent. La repenser ne fait pas écho à une crainte de l’avenir mais bien à une idéologie de défense des droits des gens. »

– Catherine

Avant cette démarche, Catherine ne connaissait pas APF France handicap. Cela ne l’a empêché d’accepter de participer au débat citoyen : « je n’ai pas hésité, j’ai dit oui tout de suite ! ». Faire partie de cette aventure lui permet de témoigner de la nature des difficultés rencontrées lorsque ces vies sont ainsi brisées mais aussi de souligner le parcours du combattant auquel ces personnes doivent souvent faire face : pour obtenir des informations et de l’aide concernant leurs nouveaux besoins liés au handicap. Elle fait également le lien avec la vie politique et économique du pays : « La protection sociale est un sujet permanent. La repenser ne fait pas écho à une crainte de l’avenir mais bien à une idéologie de défense des droits des gens ».

Catherine est inquiète : « Depuis 30 ans j’ai vu l’évolution du régime, de la mutuelle, des déserts médicaux, de la médecine du travail : la situation est dramatique ! ». Pour elle, notre système de protection sociale est essentiel et précieux, mais nécessite un recadrage et un dépoussiérage afin d’ajuster au mieux les dépenses publiques pour notamment créer de nouveaux métiers liés à l’accompagnement du handicap. C’est pour ces raisons qu’elle mise beaucoup sur la démarche et la mise en œuvre des propositions sur le plan politique. Ses premières craintes étaient d’avoir des débats orientés pour favoriser certaines mesures. Finalement, il s’agit d’un texte dans lequel elle retrouve une qualité des débats et de riches interventions toutes aussi variées « Je suis vraiment épatée et ravis de l’implication des participants. C’est une très bonne découverte, j’apprends beaucoup. Les gens ont tellement de connaissances. Et les débats ont été riches d’informations, d’émotions, et bravo pour le choix et la qualité des intervenants !».

« Accomplir un acte citoyen collectif »   

A 56 ans, Stéphane est aujourd’hui représentant du Conseil d’APF de département (CAPFD) du Morbihan et pour la Région Bretagne. Il vit depuis sa naissance avec une infirmité motrice cérébrale (IMC). Un handicap qui ne l’a pas empêché d’être actif, bien au contraire. Informaticien de formation, il a d’abord travaillé en activité industrielle puis dans un service multimédia pour personnes en situation de handicap dans un établissement et service d’aide par le travail (ESAT).

« Pour répondre aux incertitudes de demain et préparer les générations futures, nous devons apporter des réponses et solutions collectives tout en se basant sur nos expériences personnelles. »

– Stéphane

C’est à la suite d’un voyage organisé par la délégation départementale du Morbihan en 1989 que Stéphane devient bénévole à l’APF France handicap. C’est dans cette association qu’il trouve un épanouissement personnel et du sens à son engagement. Et ses précédentes activités professionnelles lui permettent d’apporter une vraie plus-value à l’association et aux nouveaux adhérents.

Convaincu que la protection sociale est une affaire de tous, Stéphane participe fièrement au Débat citoyen d’APF France Handicap, pour accomplir dit-il un acte citoyen et un partage d’idées. Pour lui, ce sujet est plus qu’important au vu de la période d’incertitude dans laquelle nous vivons, notamment pour les générations futures « nous appartenons tous à une classe minoritaire avec chacun nos préoccupations quotidiennes, c’est pour cette raison que nous devons essayer d’y apporter des réponses et des solutions collectives ».

Ravi de cette expérience démocratique avec « des échanges constructifs faisant appel aux vécus de chacun », il espère les candidats à l’élection présidentielle tiendront compte des propositions.

« C’est bien beau de râler dans son coin, mais c’est mieux d’essayer ! »   

Anaïs est une maman de 3 enfants qui habite près de Toulon. A 35 ans, elle est en reconversion professionnelle après une RQTH (reconnaissance en qualité de travailleur handicapé) à la suite de deux hernies discales. Responsable en grande distribution pendant 15 ans, formée sur le tard, Anaïs « regrette presque d’avoir eu cette RTH qui est plus un obstacle qu’autre chose. J’ai comme une étiquette ‘boulet’ au-dessus de ma tête et cette reconnaissance m’a finalement fermé beaucoup de portes ». Pleine d’entrain et dotée d’une grande volonté, elle a finalement trouvé une formation pour devenir coiffeuse qui devrait démarrer dans quelques mois.

« J’ai accepté de participer au débat citoyen d’APF France handicap, car je me suis dit que pour une fois, nous, les citoyens, pourrions peut-être proposer de nouvelles choses. C’est bien beau de râler dans son coin, mais c’est mieux d’essayer ! »

– Anaïs

Difficulté de trouver un interlocuteur compétent, difficulté à avoir une personne au bout du téléphone, des aides financières certes mais non humaines et des longueurs administratives sans nom pour obtenir des réponses, des amies infirmières sous payées… c’est tout ça qu’Anaïs voulait partager. De la démarche, elle a aimé les échanges et le changement de perspectives en découvrant les problématiques des autres participants. Elle a également apprécié l’intervention de l’économiste Pierre-Yves Geoffard et son « ton juste » pour décrire l’état de la société et ses perspectives.

L’avis citoyen reflète bien, selon elle, la nature des débats. « Cela peut paraître utopiste mais il est complet. Après tout, si on n’ose pas, si ne propose jamais, rien ne se mettra en place. ». La protection sociale est un sujet global « notre avis n’est pas partisan mais je crains qu’on nous réponde qu’il n’y a plus d’argent à la suite de la pandémie de Covid ». Anaïs aimerait que les candidats aient pourtant le courage de se pencher sur le sujet du rééquilibrage des dépenses et que les prestations soient réévaluées. A titre personnel, que retient-elle de cette expérience ? « Malgré les galères, tous gardent le sourire ».

« Sans devenir spécialiste du sujet, on en ressort avec plus de connaissances »   

Thierry, 59 ans, est consultant à Rouen dans le domaine de la formation et conseiller en stratégie et développement d’entreprises. Depuis la pandémie, il n’a pas beaucoup d’activités. « Passé 50 ans, c’est plus difficile » déclare cet homme aux multiples vies qui a un temps vécu à l’étranger.

S’il a accepté de participer au débat citoyen d’APF France handicap, c’est pour des « questions philosophiques ».

« Notre société souffre du manque de nuances, c’est presque devenu un gros mot quand on regarde les plateaux télé et les journaux des chaînes d’info. J’ai souhaité apporter ma pierre à l’édifice, me sentir utile, humain, dans un monde où j’en ai l’intime intuition l’Homme peut ne pas être un loup pour l’Homme ».

– Thierry

La protection sociale française est, selon, lui un modèle où l’on apprend le vivre-ensemble et qui est censé réduire les inégalités pour peu qu’on ne tombe pas dans « l’assistanat ». Pendant les échanges avec les participants, Thierry a préféré rester sur la réserve, ne pas imposer son point de vue et « ouvrir le débat plutôt que le fermer ». « Cela m’a ouvert des horizons. J’imaginais certaines situations, comme le mille-feuille administratif, mais j’ai pris conscience de l’ampleur de ses conséquences comme le non recours aux droits ».

Les débats l’ont aussi conforté dans l’idée qu’une partie des solutions ne peut venir uniquement des Etats et qu’il faut une dimension internationale comme des taxes sur les flux financiers. A ses yeux, la démarche participative est « enrichissante » car « sans devenir spécialiste du sujet, on en ressort avec plus de connaissances et plus d’éléments pour pouvoir nuancer le sujet et ne pas le prendre de façon simpliste ». Même s’il regrette certaines propositions un peu anecdotiques voire individuelles, il pense que l’avis citoyen est « une base de travail » qui offre des perspectives. Il souhaite des mesures concrètes et une prise de conscience plus large au niveau de la population. Est-ce que cela suffira à « développer une prise de conscience chez nos dirigeants » ? Il faut l’espérer car « il y a la matière pour celles et ceux qui voudront bien s’en saisir ».

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Débat citoyen APF France handicap : croiser les regards et interpeller https://missionspubliques.org/debat-citoyen-apf-france-handicap-croiser-les-regards-et-interpeller/ Thu, 09 Sep 2021 06:30:49 +0000 https://missionspubliques.org/?p=4464 L’article Débat citoyen APF France handicap : croiser les regards et interpeller est apparu en premier sur Missions Publiques.

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APF France handicap (1) est une association de défense et de représentation des personnes en situation de handicap et de leurs proches. Dans le cadre de la présidentielle, l’association initie un débat citoyen sur « la protection sociale : quel modèle pour demain ? ». Patrice Tripoteau, directeur général adjoint, nous explique ce qu’il attend d’une démarche qui aura la particularité de faire se croiser les regards entre personnes en situation de handicap, aidants ou proches et citoyens hors du champ du handicap.

Missions Publiques. APF France handicap est présente sur tout le territoire et agit pour l’égalité des droits, la citoyenneté, la participation sociale et le libre choix du mode de vie des personnes en situation de handicap et de leur famille. Quelles sont les actions de l’association et quel est l’état des lieux du handicap aujourd’hui en France ?

Patrice Tripoteau. Le plus classique et visible des handicaps, ce sont bien sûr les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant, mais les situations de handicap recouvrent plusieurs autres réalités avec des handicaps plus ou moins visibles. Par exemple, beaucoup de nos adhérents sont atteints de sclérose en plaques ; d’autres ont des troubles cognitifs associés à une déficience motrice ou d’autres des déficiences visuelles ou auditives. Notre association, qui historiquement représentait des personnes avec un handicap moteur, s’ouvre à d’autres type de handicap comme l’autisme. Si nous utilisons le terme « en situation de handicap », c’est parce que le handicap est l’interaction entre un facteur personnel (lié à une maladie, à un accident, congénital…) et l’environnement de la personne (social, familial, accessibilité des espaces publics, des transports…). Aujourd’hui, la France compte 12 millions de personnes en situation de handicap et 8 millions de personnes qui sont leurs proches. Toutes ces personnes, souvent invisibles car discriminées et marginalisées, sont des citoyennes et citoyens qui exercent majoritairement leur droit de vote.

Notre action – avec nos 20 000 adhérents – est donc de défendre ces personnes via une approche par les droits et de lutter en parallèle contre l’isolement et les discriminations. Nous accompagnons au quotidien 30 000 personnes de la petite enfance au grand âge dans tous les départements en France métropolitaine (et en Guadeloupe depuis janvier 2021) avec nos établissements et services médico-sociaux et sanitaires.

« Aujourd’hui, la France compte 12 millions de personnes en situation de handicap et 8 millions de personnes qui sont leurs proches. Toutes ces personnes, souvent invisibles car discriminées et marginalisées, sont des citoyennes et citoyens qui exercent majoritairement leur droit de vote.

Patrice Tripoteau

Directeur général adjoint
APF France handicap

Missions Publiques. A ce propos, vous menez de nombreuses actions de plaidoyer (2) et dans le cadre de la présidentielle, vous avez déjà produit plusieurs notes politiques avec vos revendications et des propositions concrètes. Cette année, et vous êtes la première association à le faire, vous avez décidé de lancer un débat citoyen avec une forte représentation des personnes en situation de handicap…

Patrice Tripoteau. Depuis de nombreuses années, en particulier lors des campagnes électorales, le sujet du handicap est peu présent dans le débat politique. Les propositions des principaux candidats et candidates sont souvent très générales, partielles et ne répondent pas aux attentes des personnes en situation de handicap et de leurs proches. Les notes que nous réalisons dans le cadre de la présidentielle 2022 (3) répondent aux préoccupations majeures de ces personnes et nous attendons des candidates et candidats qu’ils prennent en compte le handicap dans leurs communications publiques et dans leurs programmes, pour une France réellement inclusive et solidaire.

En outre, nous avons décidé d’aller plus loin en initiant une démarche inspirée d’une convention citoyenne, dans le sens où nous allons avoir recours au tirage au sort. Notre « originalité » réside dans le fait que la composition des 104 membres de ce débat citoyen sera issue pour moitié de nos adhérents (et donc en grande partie en situation de handicap) et pour moitié de citoyennes et citoyens hors du champ du handicap et de notre association avec des critères de représentativité (égalité femmes/hommes, répartition géographique, catégories socio-professionnelles).

Depuis plus d’une vingtaine d’années, nous renforçons notre travail sur la démocratie participative. Comment permettre à des personnes en situation de handicap de participer aux orientations de notre association ? Comment participer au plaidoyer et aux actions de plaidoyer ? Ce débat citoyen est donc une étape supplémentaire dans notre réflexion car nous souhaitons l’ouvrir à des personnes non adhérentes. Toujours en droite ligne avec nos convictions : chaque citoyenne, chaque citoyen, doit pouvoir participer à l’élaboration des politiques publiques.

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« Nous souhaitons d’abord expérimenter une démarche de démocratie délibérative. Ce débat citoyen peut nous éclairer et nous permettre très certainement de réinventer notre manière de penser certaines problématiques.

Missions Publiques. Les consultations citoyennes se multiplient et avec elles, la question – légitime – de leur impact. Qu’attendez-vous de ce débat citoyen ?

Patrice Tripoteau. Nous souhaitons d’abord expérimenter une démarche de démocratie délibérative. Ce débat citoyen peut nous éclairer et nous permettre très certainement de réinventer notre manière de penser certaines problématiques. Nous avons d’ailleurs prévu des temps d’échange entre les citoyens et le conseil d’administration de l’association. Bien entendu, notre deuxième attente est d’éclairer, grâce à ce travail, l’ensemble de la société française en participant au débat national. C’est un moyen de replacer les associations, souvent reléguées au second plan, au centre du débat citoyen.

Pour garantir la transparence du processus, nous avons fait appel à votre agence pour nous accompagner sur le plan méthodologique. Nous allons faire aussi appel à des éclairages et des apports extérieurs d’actrices et d’acteurs divers afin que les citoyens puissent nourrir leur réflexion et confronter leurs idées. Et enfin, le sujet de la protection sociale touche très directement le quotidien de l’ensemble des Françaises et des Français, ce qui nous semble déterminant pour aboutir à un avis pertinent et des réflexions sur le modèle social que nous souhaitons pour demain. Ce que nous proposons aux 104 citoyens du débat, c’est à la fois un cheminement collectif et une délibération démocratique : une discussion sereine de ce qu’on veut pour la société, en débattant plutôt qu’en combattant.

« La crise a montré l’importance d’une protection sociale forte et la nécessité de justice sociale afin de ne laisser personne sur le bord de la route, quelles que soient les situations (précarité, handicap, personnes âgées, jeunes…).

Missions Publiques. Revenons justement sur le choix du thème de la protection sociale. Après plus d’un an de crise sanitaire, vous sentez que la solidarité nationale est aujourd’hui de plus en plus questionnée.

Patrice Tripoteau. L’Etat se désinvestit peu à peu, tendant à se défausser sur les solidarités familiales et/ou interpersonnelles. Les collectivités locales sont, quant à elles, contraintes de compenser cette défaillance de l’État avec des budgets de plus en plus réduits, ce qui engendre des inégalités de traitement sur le territoire. Dans le dernier baromètre de la confiance politique du Cevipof, il est intéressant de noter que 85 % des Françaises et des Français se disent fiers de leur système de protection sociale. Pour 84 %, c’est un atout pour l’économie française, pour 75 % une contribution à la redistribution des richesses et à la croissance. La crise a montré l’importance d’une protection sociale forte et la nécessité de justice sociale afin de ne laisser personne sur le bord de la route, quelles que soient les situations (précarité, handicap, personnes âgées, jeunes…).

Pour nous, c’est à la fois un axe stratégique fort et un des points développés dans notre contribution au « monde d’après » (4). Les personnes en situation de handicap sont particulièrement touchées par cette question de la protection sociale. Elles peuvent donc apporter leur contribution au débat public sur ce thème avec une réflexion croisée avec d’autres citoyens pour approfondir le sujet dans toutes ses dimensions. En effet, cela concerne le thème de la santé mais aussi le sujet de la précarité et de la pauvreté, de l’autonomie, etc. Contextuellement, le thème est opportun : après plus d’un an de pandémie, la santé est devenue une préoccupation majeure, l’assurance chômage et des retraites sont à nouveau à l’agenda politique… Alors que l’on entend régulièrement parler de sécurité, nous choisissons de débattre de ce qu’est « protéger » au sens large dans notre société.

(1) Créée en 1933, APF France handicap est connue jusqu’en 2018 comme l’Association des paralysés de France. Elle rassemble aujourd’hui 85 000 acteurs impliqués au quotidien dont 35 000 usagers, 21 000 adhérents, 15 000 salariés et 12 500 bénévoles.
(2) Accessibilité, emploi, santé… la collection de notes politiques et de plaidoyers (femme, enfants, prison) est disponible sur le site.
(4) Contribution d’APF France handicap à la réflexion sur le monde d’après : Demain, une société plus juste, apaisée et durable fondées sur les droits humains

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